Bon, ça m'ennuie d'écrire ça, parce que j'ai envie d'aimer ce cinéma de Quentin Dupieux... Je connais mal et, de loin, j'aime bien. Et puis voilà, c'était la berlinale, on a pu voir le dernier en avant première... En plus avec un super casting, ne serait ce que pour le magique Alain Chabat qui même s'il essayait très fort n'arriverait pas à être mauvais.
Et d'ailleurs, le jeu d'acteur est irréprochable. Même Magimel que j'aime pas trop trop en général est parfait en gros beauf...
L'image est belle, le cadre bien foutu, les décors chouettes, les dialogues bien écrits... Et pourtant, pourtant non.
A partir d'une idée assez prometteuse ( sans spoiler : un couple s'installe dans une maison dotée d'un pouvoir très particulier dont l'un va abuser tandis que l'autre tente de continuer sa vie comme si de rien), le tourne court quand le scénario se contente très vite de montrer des destins individuels qui se voisine sans se croiser.
On sent que le réalisateur a une super idée de départ mais que, au moment de la creuser et de compliquer l'écheveau...oh la flemme.
Résultat, dès la moitié du film, ça n'avance plus, on est allé au bout. On enchaîne des images qui font comprendre que le temps passe. Les histoires secondaires ne sont là que pour faire de l'habillage d'univers mais ne viendront jamais mettre les pieds dans le plat, on peut les supprimer, ce ne sont que des utilités.
Des indices d'histoires sont laissées ici et là, une épave mystérieuse dans le jardin, laissant l'imagination du spectateur espérer quelque chose, mais rien ne sortira de tout cela... On ne peut pas tous faire du Mad Max jury road, faute d'avoir un univers aussi puissant.
Si je n'avais que ça à reprocher, ce ne serait pas si grave. Un livre malin et rigolo avec quelques éclats de rire qui font plaisirs, des petites idées mal exploitées. Tant pis.
Mais malheureusement en seconde lecture, les rapports entre les personnages sont navrants. On me dira c'est satyriques, c'est une comédie, mais voilà : un couple donc l'un des deux est obsédé par son vieillissement et l'échec de sa vie passé, l'autre est indifférent et ne cherche pas un instant le soutient ou la compréhension de l'autre... Tous les personnages vivent dans le bocal de leurs occupations et, finalement, ne s'intéressent à personne.
On peut faire enfermer l'amour de sa vie sans une larme, perdre son meilleur ami dans un sourire, enchainer un mensonge professionnel car rien n'a d'importance, surtout pas l'autre.
Si c'est l'image de la vie selon Dupieux, ça ne m'intéresse pas fort.
Ce jeu de marionnettes vain m'a donc laissé un goût amer et je retiendrais plus ça que les éclats de rire et la mèche blanche de Chabat.