Depuis Le Daim, Quentin Dupieux part d'un argument totalement improbable (genre un type ayant pour ambition d'être le seul à porter un manteau, genre une mouche géante que deux crétins souhaitent apprivoiser !) pour le développer avec une logique imparable dans un environnement tout ce qu'il y a de plus réaliste. Dans Incroyable mais vrai, on ressent bien le quotidien terne à base de bilans comptables, de tableaux Excel, de couples sans la moindre parcelle de passion.
Il n'y a pas de raison de ne pas continuer dans ce filon qui est gagnant pour le cinéaste. Bon, sur ce coup, de peur de trop spoiler, je ne dirai rien de la nature de cet argument. Il y a un trou dans la cave d'une maison achetée par un couple de quinquagénaires... voilà...
Les seules choses que je peux révéler, c'est que si le rire (voire à certains moments l'hilarité !) est présent, le fond est d'une tristesse que je n'avais jamais vue jusqu'ici dans une oeuvre du Monsieur. Celle-ci est à base de course contre le temps, contre la vieillesse, contre la dégradation inévitable de notre physique et de nos capacités. Il y a aussi cette fragilité bien humaine s'exprimant à travers notre volonté de ne pas reconnaître la situation. Est-il utile d'essayer de cacher que le combat ne peut qu'être perdu d'avance ?
Et cela atteint une puissance assez inattendue dans les dernières minutes, avec un enchaînement de courtes scènes sans paroles, avec juste une modernisation par un certain Jon Santo d'une musique de Bach, Jésus que ma joie demeure.
Bon, là, je vais vraiment vous faire croire qu'il n'y a pas d'occasions de rire, mais si. J'ajouterai même que je ne m'attendais pas à ce que le personnage le plus drôle soit incarné par Benoît Magimel (ouais, il vole la vedette aux autres, même s'ils sont tous excellents !), en gros beauf pété de thunes qui se bat désespérément contre les années en étant soucieux à l'extrême de sa virilité et en achetant des bagnoles de luxe. Oui, oui, incroyable mais vrai (désolé pour cette blague facile !), il fait plus rire qu'Alain Chabat. Il faut bien avouer que ce dernier joue le personnage le plus pragmatique et, en conséquence, le plus sain. Et pourquoi pas ! Cela marche à merveille.
Je ne vais pas vous en balancer plus. J'en ai déjà trop dit. Je pense que c'est mieux de le découvrir par vous-même. Non, non, mais vous allez voir que c'est Incroyable mais vrai (désolé, encore !).