Black Panther and the Agents of Wakanda par arnonaud

On découvrait dans le numéro #12 des Avengers de Jason Aaron (la série Avengers de 2018), les "Agents of Wakanda", une équipe de soutien aux Avengers, actuellement dirigés par Black Panther, qui sert à la fois de remplacement à Jarvis qui ne peut pas s'occuper de la nouvelle base de l'équipe (un cadavre de Céleste au milieu de l'Arctique) comme il s'occupait du classique Manoir des Vengeurs, et une équipe qui sert aussi de remplacement au SHIELD, qui a disparu depuis l'event Secret Empire de 2017.


L'idée géniale de Jason Aaron, ça a été de remplir cette équipe de perso bigarrés, méconnus, bizarres et à fond dans l'esprit série-B/série-Z qu'affectionne le scénariste. L'équipe est ainsi composée de Gorilla-Man, Broo, Ka-Zar, American Eagle, Doctor Nemesis, Wasp (la Guêpe), Fat Cobra, Man-Wolf, Roz Solomon, le tout dirigé par Okoye et Black Panther. Jim Zub y ajoutera également Mockingbird vu que l'équipe ne comporte que peu de persos féminins. Moi qui adore tous ces persos, notamment ceux qui viennent des recoins obscurs de l'univers Marvel, j'étais vraiment ravi en voyant la création de cette équipe, qui comporte pleins de persos que l'on voit trop rarement.


Pour faire vivre cette équipe au-delà des pages déjà bien occupées d'Avengers, Marvel a donc lancée la série Black Panther and the Agents of Wakanda, avec Jim Zub au scénario et Lan Medina en dessinateur principal. Jim Zub saisi plutôt bien les enjeux et risques de la série : l'équipe est composée de beaucoup trop de membres, alors qu'ils sont pour la plupart méconnus et pas forcément vendeurs, et l'équipe créative elle-même n'a pas une renommée incroyable, donc il va falloir réussir à faire fonctionner la série alors que sa durée de vie est probablement courte (ce qui s'est vérifié, vu qu'elle s'est fait annulée au bout de 8 numéros, et l'épidémie de coronavirus a même amenée à l'annulation de sa suite spirituelle sous forme de mini-série tie-in à l'event Empyre). Pour cela Jim Zub a une idée plutôt chouette : des mini-arcs de 2 numéros avec un cast rotatif de personnages.


J'aime beaucoup l'idée des arcs en 2 numéros puisque ça permet d'éviter tout ventre mou dans l'intrigue. Bon 3 numéros par intrigue serait passé également, histoire de parfois plus développer les choses, mais au moins ça permet de brasser rapidement pas mal de personnages, d'intrigues et de concepts. L'autre bonne idée de Jim Zub, c'est de proposer des intrigues qui correspondent au casting improbable de l'équipe : on a donc le droit à une célébration de la bizarrerie de l'univers Marvel et des persos et concepts méconnus qui la compose. C'est même un bel hommage à toute cette continuité parallèle souvent oubliée, qui fait plaisir à voir si on est fan de ces recoins biscornu de l'univers Marvel. En outre Zub sait qu'il fait référence à des trucs plutôt obscurs et fait souvent l'effort de remettre les choses en contexte et de préciser les numéros auxquels il fait référence pour les curieux qui voudraient approfondir ou juste chercher des idées de nouvelles lectures.


On le voit ainsi ressortir les Livewires d'Adam Warren (le créateur du comics indé Empowered avec l'héroïne dont le costume se fait détruire systématiquement), qui sont issus d'une mini-série totalement oubliée de 2006 et à laquelle plus personne n'a jamais fait référence depuis (et c'était peut-être pas un mal), il décide aussi de faire référence à l'improbable période "Spacegod" de Man-Wolf, où John Jameson III, le fils astronaute de J. Jonah Jameson, en plus de devenir un loup-garou sur la lune, ce qui est déjà n'importe quoi, partait vivre des aventures fantasy dans un univers alternatif ! On à le droit également à Zub qui reprend un concept issu du Silver Surfer de Dan Slott et enfin, dans les numéros #7 et #8, il décide aussi de rendre logique la continuité récente de Fing Fang Foom ! C'est du grand délire de fan hardcore, et je suis toujours épaté quand des scénaristes arrivent à faire passer ce genre de chose, mais ça reste quand même toujours au service d'histoires funs et pas désagréables à lire. Le point qui fait le plus plaisir, c'est le perso qu'il ressort en point pivot du premier arc, qui était un perso dont on avait vraiment envie de voir ce qu'il allait devenir depuis sa récente mini-série (mais je ne vais pas le spoilé ici parce que c'est quand même une surprise sympa).


Donc au niveau des numéros en eux-même, ça donne quelque chose de plutôt sympa à lire, très série-B et énergique. Toutefois ce n'est clairement pas le comics du siècle non plus. Il faut dire que vu le cast de l'équipe et les intrigues express en deux numéros, il n'a pas trop le temps de travailler la caractérisation des personnages. Et surtout, on a l'impression qu'il n'ose pas trop toucher les persos, leur lancer des intrigues personnelles, révéler leur passé, nous en apprendre plus sur qui ils sont. Il n'y a que Jameson qui a des séquences sympa à ce niveau là, les autres c'est vraiment hyper superficiel. Et c'est vraiment dommage pour Okoye qui est un des persos les plus importants de l'équipe et qui est un perso qui n'a pas été beaucoup développé en comics. Mais là c'est comme si Zub avait peur d'entrer en conflit avec les plans de Coates sur Black Panther et préfère ne rien tenter, et fait quelque chose d'assez creux.


Mais notons quand même qu'il écrit très bien Fat Cobra, qui est la vraie révélation du titre. J'adorais le perso dans le Iron Fist de Fraction et Brubaker, donc c'est un plaisir de le revoir ici, et c'est vraiment le perso que Zub maîtrise le mieux, lui donnant un vraie charisme, une vraie sympathie et des petits gags amusants. Le perso bénéficie également d'avoir un niveau de puissance bien plus élevé que les autres membres de l'équipe qui ont des capacités souvent assez basiques, et ça lui permet d'être vraiment utile et de sortir son épingle du jeu. A l'inverse, Zub n'arrive pas du tout à donner d'invidualité à d'autres persos comme Roz Solomon et American Eagle qui sont assez transparents dans la série. Le plus triste reste Ka-Zar, dont la présence dans l'équipe semblait être un ajout très fun, et au final on le voit à peine et Zub ne sait pas trop quoi en faire. Je crois cependant qu'il l'a réutilisé dans Empyre: Avengers, donc peut-être que ça donnera de meilleures choses là-bas.


Sur la partie graphique, on a le droit à Lan Medina, colorisé par Marcio Menyz. Et honnêtement je ne suis pas fan du tout du rendu. Les dessins de Medina sont hyper classiques, un poil trop old-school et parfois un peu maladroits et Menyz a une colorisation tout à fait honnête et moderne mais qui n'arrive pas du tout à le mettre en valeur, voire joue parfois en sa défaveur je pense. Je pense que c'est vraiment le truc qui a manqué à la série. Avec un meilleur artiste au lancement, et de préférence un peu plus renommé, ça aurait donné une meilleure énergie à la série, et ça lui aurait peut-être permis de survivre un peu plus longtemps (même si avec l'épidémie, il n'y aurait pas eu de miracle de toute façon). Scott Eaton qui arrive en remplacement sur l'arc 3 s'en sort un peu mieux je trouve, même s'il reste d'un niveau assez similaire. En tout cas il gère bien Deadpool qui est la guest-star de cet arc.


Au final, que penser de cette série ? Et bien si les Agents of Wakanda présentés par Aaron vous donnait envie, au moins on aura eu le droit à quelques numéros où cette équipe existe (surtout que je n'ai pas l'impression qu'elle soit beaucoup apparue dans les pages des Avengers d'Aaron). Et ça permet aussi d'avoir un titre Black Panther qui l'éloigne un peu des intrigues hyper sérieuses et politiques au Wakanda pour quelque chose d'un peu plus fun et bizarre, ce qui n'est franchement pas désagréable. Mais ça reste surtout une série qui ne contient aucun grand moment marquant, où les personnages ne sont jamais approfondis et qui se termine sans avoir vraiment rien tenté de grandiose. Et elle n'est pas aidée par une partie graphique qui sans être horrible est plutôt moyenne. Un titre malheureusement de seconde zone pour des persos hélas toujours relégués à la seconde zone eux aussi, alors qu'eux ont un vrai potentiel.

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le 25 oct. 2020

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