« Moi ? Je suis pâtissier ... »

Déjà, il y a l'objet BD. Une belle BD cartonnée, imprimée sur un papier épais et qui prend bien les couleurs. Depuis la première jusqu'à la quatrième de couverture, l'ensemble imite un supplément des journaux de la Troisième République. Chaque page est accompagnée d'un liseré élégant, très début du siècle. Pas de doute, il y a eu un vrai travail de maquette et d'édition pour produire, tout simplement, un beau livre.

Ensuite, il y a le scénario. C'est simple et direct, loin des exploits héroïques de beaucoup de fictions autour de la Grande Guerre. Depuis les plaines du Sénégal jusqu'aux tranchées du chemin des Dames, on suit quelques villageois arrachés à leur bétail, soudain aspirés par la guerre. Les auteurs savent se tenir en équilibre sur la crête, sans tomber ni dans l'éloge du sacrifice, ni dans l'anti-militarisme primaire. Ce sont quelques vies traversées par la guerre, racontées dans une histoire en trois temps : avant, pendant, après la guerre.

Enfin, il y a le dessin. C'est beau et clair, avec un vrai jeu d'ombres. Les angles de vue sont sobres et bien trouvés, toute la BD est particulièrement lisible et aérée.

On lui reprochera un peu de simplisme dans les premières cases : les soldats Blancs revenus recruter en Afrique sont forcément des soudards qui brûlent des fermes et tapent sur tout le monde ... mais les auteurs se rattrapent trente pages plus loin, dans les tranchées, avec le personnage du « Capolar ».

A lire comme de la micro-histoire, pour découvrir comment la guerre percute un village. C'est une excellente découverte !