De retour dans son village natal, le personnage principal, un borgne d'âge mûr, se rend compte que personne ne le reconnaît parmi les habitants de ce petit patelin situé au bord de la mer. Une mystérieuse et gigantesque antenne métallique semble hypnotiser, voire lobotomiser tous les villageois, et notre héros de se mettre à enquêter sur ce curieux édifice et sur ses effets singuliers.
Graphiquement, nous avons affaire à des dessins en noir et blanc au trait plutôt dépouillé rappelant un certain style de bandes dessinées humoristiques, bien que le contenu ne sollicitera à aucun moment nos zygomatiques. Le dessin n'est pas du tout dans une veine réaliste, et le ton se veut quant à lui grave, sombre, mystérieux, désespéré, contrastant habilement avec une certaine légèreté du trait. Le retour du héros chez les siens prend des allures de plus en plus pesante à partir du moment où ce dernier est pourchassé par une horde de « lobotomisés », d' « hypnotisés », rappelant par certains côtés les films de zombies courant aux basques des survivants. Mais ici, point de scènes gore pour autant. De longs passages muets, vides de phylactères, rajoutent une couche de sobriété au traitement tout en finesse du sujet. On suit cette histoire comme hypnotisés nous-mêmes (mais certainement pas lobotomisés, par contre!), le suspense galopant allant de pair l'aspect tragique de la quasi solitude du protagoniste.
Sans rien révéler du final, on sort quelque peu secoué de cette BD, et certainement un peu perplexe. Goma a le mérite de faire émerger toute sorte de questionnements lorsqu'on se retrouve face à une oeuvre plutôt métaphorique et énigmatique, qui ne laissera que peu de lecteurs indifférents.