Et après cinq années de travail ...
Back to the 60’s ! L’époque où une bande d’affreux pouvait prendre l’avion, armés jusqu’aux dents, sans faire biper des portiques de sécurité. Il aura été long à naître, ce premier album de Natacha : Walthéry est occupé à seconder Peyo sur toutes ses autres séries, et il lui faudra cinq ans pour achever cette première aventure de l’hôtesse de l’air, depuis les premières esquisses de 1965 jusqu’à la publication finale en 1970.
Mais le résultat valait la peine d’attendre : sur un scénario aux petits oignons de Goossens, Walthéry propulse Natacha et le reste de l’équipage dans des aventures bourrées d’humour. Entre Ernesto la montagne de muscles, le sorcier qui tchatche dans un français de cour de récré, et les vraies-fausses têtes réduites en faux plastique, voilà un premier album qui détonne, notamment servi par des dialogues joyeusement délirants par instants (« Le baromètre y est pour beaucoup ! »).
Les dessins sont plutôt réussis, même si le visage de Natacha évoluera encore un peu dans les albums suivants. L’ensemble de l’aventure est fluide, et l’atterrissage forcé de l’avion donne l’occasion de quelques belles planches. Mention spéciale à la jungle bigarrée et exubérante, ainsi qu’au jeu d’ombres lorsque l’orage éclate. Sans oublier le cauchemar du steward qui prend Natacha pour un anaconda géant, et lui met d’ailleurs une tête au carré.
Esquissée en 1965, Natacha est parmi les premières héroïnes de BD, une véritable petite révolution. Aujourd’hui on pourrait tiquer sur quelques détails un peu bizarroïdes, comme le fait qu'elle traverse la jungle en talons hauts et chemisier blanc immaculé sans se tacher ... ce n’est pas franchement un manifeste du féminisme, mais aucun doute qu’une BD comme Natacha a ouvert la voie à pas mal de successeurs à l’époque (Yoko Tsuno apparaît quelques mois plus tard).
Un envol réussi pour la première aventure de Natacha.