Io memories
Io memories

Manga (2007)

On voudrait bien dire que ce récit est autre chose qu'une pochade. Chris Lamquet, dessinateur talentueux de l'école belge, rattrapé par le succès du manga, a choisi ce type d'oeuvre pour déférer à une commande de la part d'éditeurs japonais. De fait, les dessins montrent la maîtrise de modélisations 3D et de quelques beaux effets d'exposition lumineuse.

Ceci dit, difficile d'entrer dans le jeu. Le scénario est fondé sur la trame, sucée et resucée (c'est le moment ou jamais de s'exprimer comme ça) d'un vilain monstrueux pervers qui traque une fille de rêve. Et l'humour très présent crée des effets de distance considérables vis-à-vis des personnages et de l'action. Sur l'ensemble du récit, 34 cartons de commentaires sont insérés, censés traduire l'interprétation que les civilisations postérieures à Dob's et à Leen (qui sont les Adam et Eve fondateurs de l' "Ere Codale") formulent à partir de leurs faits et gestes, en les magnifiant à travers un charabia si mystique qu'il en fait rire.

De plus, l'irruption de l'auteur et de sa copine au milieu du récit, qui dévoilent leurs secrets de fabrication, est peut-être utile pour nous livrer une énième variation sur le paradoxe de l'identification des auteurs à leurs personnages. L'embêtant, c'est qu'ils deviennent de ce fait les démiurges de Dob's et de Leen, auxquels on cesse complètement de croire, dès lors qu'on nous met sous les yeux les procédés de fabrication.

Bon, c'est érotique, alors a-t-on son compte côté cul ? Leen est bien foutue, ne porte souvent ni haut ni bas, ou alors une guépière si modeste qu'elle ne cache pas grand chose. L'idée la plus érotique toutefois, est que l'holomémoire salvatrice des héros apparaît d'autant plus longtemps que l'orgasme de Leen a été plus fort. Mais Dob's fait le difficile (comme l'auteur avec sa copine), et Leen doit apprendre à se provoquer à elle-même des orgasmes. Finalement, c'est ce genre de passage qui donne au lecteur le plus envie de rentrer dans... le jeu.

Les méchants sont laids, gras, difformes, pervers. Les petits robots bornés (et les commentaires off) débitent les platitudes accoutumées de la part de créatures qui n'ont aucune idée de ce que peut être l'amour (qui les dégoûte assez).

Quant au Mogwir, cette espèce de cloporte / méduse bien commode, elle sait en quelque sorte provoquer un orgasme sur les volcans au-dessus desquels elle va stationner. Soyons ridicule à notre tour, et évoquons à ce sujet les conseils de Michel Onfray, qui parle, en un certain passage, de vivre comme un volcan. Jouissons, mes frères. Ou plutôt mes soeurs. Mais il faudra un récit un peu plus crédible pour nous arrimer à l'érotique cosmique.
khorsabad
6
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le 12 déc. 2010

Critique lue 202 fois

khorsabad

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