D’abord distribuée dans une version dématérialisée plutôt bien accueillie par la critique, la version papier de Karma City est enfin arrivée avec ce premier volume, dans une belle édition Dupuis, comportant pas moins de 175 pages.
Si la lecture s’est faite sans encombre, et avec un certain enthousiasme, le bilan final est étonnamment mitigé me concernant. De nombreuses bonnes idées, un concept au top, une narration sans faille, et pourtant, cette terrible sensation d’avoir beaucoup de mal à résumer ce que je venais de lire, une fois la dernière page tournée. Voyons tout ça un peu plus en détail…
Les points forts :
↑ Des bonnes idées en pagaille, notamment basées sur un « univers Karmique » bien conçu.
↑ L’ambiance générale est intéressante, et rend l’univers assez immersif. On se prend rapidement au jeu du Karma !
↑ Le découpage est propre, la lecture est fluide, et sans difficultés. Karma City est une BD agréable à lire.
↑ Gabrion Pierre-Yves prends le temps de poser le décors, et les bases de son enquête policière, qui occupera mine de rien, la quasi intégralité de l’album. Un rythme globalement satisfaisant, ne laissant que rarement le temps de souffler.
↑ Une bonne gestion du suspens, de la progression de l’enquête, et plus globalement, de la narration.
Le dessin aurait pu se retrouver dans cette liste d’éloges à l’égard de Karma City. Il est maîtrisé, rigoureux, et précis. On peut d’ailleurs voir dans ce style rétro, une forme d’hommage à des œuvres plus anciennes, qui ont sans doute grandement influencé le trait de l’auteur au fil du temps. Par contre, c’est relativement binaire : on adhère, ou pas du tout.
Points faibles :
↓ Étonnamment, on s’attache assez peu aux protagonistes. La faute à un background des personnages quasi inexistant, et des personnalités vraiment clichées.
↓ Une fois la dernière page tournée, j’ai eu beaucoup de mal à résumer ma lecture. Une enquête, un trafic d’antiquités, un complot de plus grande envergure qu’on peine à mesurer, des morts accidentelles, et pour finir, un côté fantastique avec une cité « underground ». Nul doute que les pièces du puzzle vont s’assembler dans un prochain volume, mais en l’état, c’est beaucoup d’info à traiter et à digérer.
↓ Un style graphique résolument rétro, qui ne plaira pas à tout le monde. Si l’ensemble est maîtrisé, et jolie, je ne suis pas particulièrement amateur de ce genre de dessin. D’autant plus que pour cet univers « SF » ( anticipation ? ), on ne peut s’empêcher de s’imaginer ce qu’aurait pu donner le rendu de Karma City avec un dessinateur comme Roberto Ricci ( URBAN )
↓ Finalement, on aurait presque voulu que l’oeuvre se concentre davantage sur cette intrigante ville de Karma City, plus que sur le côté enquête, qui reste somme toute, assez classique dans son déroulement, comme dans sa résolution. ( mais qui est, j’imagine, nécessaire à l’introduction du « grand complot » )
Karma City est une enquête policière d’apparence assez simple, mais qui devrait dévoiler son vrai potentiel dans un futur que l’on espère proche. Une chose est sûre : Pierre-Yves Gabrion a ouvert beaucoup de portes. A lui de les exploiter au mieux !
Critique complète sur Bullaka - Critique Karma City