Après un épisode un peu raté très orienté SF avec Du Cidre pour les étoiles, puis un autre très orienté fantastique, mais nettement plus réussi cette fois, avec L'Ankou, Fournier reviens à plus de réalisme avec sa prochaine histoire qu'il avait imaginé plus longue puisque les évènements mis en branle dans Kodo le Tyran devaient se prolonger sur quatre à six albums.
A cette époque on convoque Fournier, qui, sans doute victime de sa réputation de gauchiste écolo anti-nucléaire ayant bretonnisé le personnage de Spirou (oui, on est clairement dans du grand n'importe quoi!) au sein des éditions Dupuis, se voit proposer de s'occuper de la série en alternance un album sur deux. Fournier est un peu sonné, et dit qu'il va y réfléchir, mais très rapidement, une fois remis du choc, décide que c'est non, et remet sa démission.
Résultat, il doit clôturer cette histoire en deux albums qui seront Kodo le tyran et Des haricots partout.
Avec Kodo le Tyran, Jean-Claude Fournier suit les traces de Franquin encore une fois dans une critique du totalitarisme qui n'est pas sans rappeler par certains aspects Le Dictateur et le champignon. Néanmoins, Fournier insiste plus ici sur l'influence des narcotrafiquants et des différentes mafias dans le soutien à ce type de régime.
Dans cette aventure, Fournier sépare assez tôt nos deux amis partis faire un reportage sur ce pays imaginaire nommé Çatung, situé en Asie du sud-est non loin de la Birmanie, dont on dit qu'il est "le plus fermé du monde". Nos deux héros se trouvent livrés à eux-mêmes et permettent de mettre en lumière plusieurs aspects de la vie dans ce genre de dictature.
Spirou tombe sur la rébellion et montre les difficultés pour eux de renverser un régime soutenu par les mafias de la drogue et qui en tire l'essentiel de sa richesse.
De son coté Fantasio, qui s'avère être le sosie de l'inspecteur principal de l'organisation mafieuse qui soutient le régime, et de ce fait infiltre les plus hautes sphères du pouvoir, permet de montrer les mécanismes de cette dictature corrompue du coté oppresseur.
Fantasio vole clairement la vedette à Spirou dans cet album, et ses cotés colériques sont utilisés à la fois pour des effets comiques et pour exprimer les sentiments de l'auteur vis à vis de ce type de régime et de ses pratiques.
Kodo, le Tyran s'avère donc être un bon album de la période Fournier à ranger à coté de Tora Torapa, L'Ankou, Le Gri-gri du Nikolo-Koba et L'Abbaye truquée