Alors que l'on ne pouvait plus attendre de Fournier que du faux Spirou et Fantasio, Kodo le Tyran prouve que l'auteur/le dessinateur a compris ce qui faisait l'essence des aventures de nos deux journalistes préférés.
Mais avant d'expliquer pourquoi cet album est si bon, penchons-nous sur l'histoire.
Après beaucoup d'acharnement, Spirou et Fantasio parviennent à arriver au Çatung afin de dénoncer l'horreur de cette dictature dans la presse. Mais suite à un crash d'avion provoqué par un pilote du dimanche jamais sobre ayant entrainé Fantasio dans son vice, les deux héros sont séparés.
Spirou rejoint un groupe de rebelles pour sauver son ami dont il pense qu'il a été fait prisonnier par l'exécrable inspecteur général surveillant les agissements du dictateur Kodo sans se douter une seconde qu'en réalité, Fantasio feint d'être l'inspecteur général afin de pouvoir contacter les rebelles et retrouver Spirou en pensant, à juste titre, que ce dernier a rejoint les rebelles.
Chose exceptionnelle dans cette aventure, pour la première fois dans la BD, Spirou et Fantasio doivent agir séparément et ne compter que sur eux-mêmes chacun de leurs côtés. De plus, ce n'est pas une aventure où l'un d'entre eux doit sauver l'autre ayant été enlevé mais bel et bien les deux qui doivent se sauver tous seuls du pétrin respectif dans lequel ils se sont mis.
De plus, c'est l'un des rares albums où ils subissent plus qu'ils agissent étant donné qu'ils ne sont pas au Çatung pour jouer les héros en sauvant une ou plusieurs personnes en danger mais bel et bien dans des situations dangereuses dont ils doivent se sauver eux-mêmes.
Encore mieux Kodo le Tyran est anti-militariste en montrant les dirigeants du Çatung dépenser l'argent du pays dans des armes...
...et, également, anti-riche avec les hauts-placés vivant de trafics d'opium.
Après, le récit est-il parfait? Non. En effet, si on passe beaucoup de temps du côté des dirigeants qu'on aime détester, on voit très peu les rebelles se contentant de monter des plans sans que leurs personnalités ne soient développées alors qu'il aurait été intéressant de voir les vraies conséquences de la dictature sur le peuple. Dommage.
De plus, l'histoire démarre lentement ne commençant réellement qu'au tiers de l'album.
Au moins, le plus réjouissant est que Fournier semble avoir ENFIN compris comment est censé fonctionner Spirou et Fantasio étant donné qu'il n'y a pas du tout de fantastique dans Kodo le Tyran. Espérons que sa suite directe, Des haricots partout, soit aussi bien que ce premier opus.