Reprise éphémère…
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BD franco-belge de José-Luis Munuera et BéKa (2020)
J'ai raté quelques albums ; faut dire que je n'ai pas été très satisfait des derniers scénarios de Cauvin sur cette série, souvent à cause d'une structure qui ne permet pas de tirer profit des situations comme il le faudrait. Peut-être aussi que les traditionnelles 44 planches sont trop courtes pour lui déployer toute son imagination ? J'aurais bien voulu voir un roman graphique tuniques bleues écrit par Cauvin et dessiné par Lambil tiens. Mais bon, ainsi soit-il, le duo se décide à stopper les frais. C'est pas plus mal parce que Lambil aussi n'est plus au top. D'ailleurs, dans cet album, on a l'occasion de lire en avant première 2 planches de Lambil... et ça fait mal quand on compare au dessinateur de ce 65ème tome. Le dessin est tellement plus approximatif, même Blutch en colère n'a pas l'air en colère... on dirait du fan art d'un gosse de 15 ans en fait. Soit.
Ce renouveau, c'est pas une mauvaise idée, mais j'avoue que j'avais un peu peur vu qu'on retrouve le dessinateur qui a repris Spirou après Tome & Janry et que ça ne m'avait pas tellement plu. Heureusement l'auteur travaille ici avec un duo de scénaristes qui ne cherchent pas à coolifier le personnage (en même temps els attentes envers les tuniques bleues sont certainement moindre que celles envers le fameux groom rouge). Et donc on reste dans une mouvance Western classique on va dire, avec un côté Tuniques bleues, oui, mais pas trop, on sent la volonté d'instaurer de nouveaux codes. Et ça passe bien. Malheureusement les auteurs se montrent trop gourmand en traitant trois arcs narratifs en même temps, dont les liens sont un peu faciles et malvenus (le mari, vraiment ?). Et puis en ouvrant trois portes en même temps, forcément, l'exploration de chaque pièce se fait assez timide, et ainsi les trois récits paraissent survolés, traités superficiellement. Pire, le concept initial, à savoir suivre un journaliste de guerre, est en fait à peine exploité, il n'y aura pas beaucoup de champs de bataille à visiter, pas beaucoup de remise en question... certes, Cauvin avait déjà un peu traité de ça avec son photographe de guerre, mais quand même... puis, si les auteurs assurent qu'ils ont voulu éviter le fan service, il reste trop de références à des albums précédents, des références pas utiles du tout.
Graphiquement, c'est très chouette. Mon plus gros reproche, c'est le découpage en 4 bandes qui ne fonctionne pas trop avec cette manière de raconter mais aussi avec le style graphique du dessinateur. Certaines cases sont ainsi trop petites et l'on doit rapprocher son nez de la page pour espérer profiter davantage des détails. Puis parfois l'utilisation d'une même taille de case pour un plan rapproché et pour un plan très éloigné, ça ne marche pas trop (voir : "L'art invisible"). Pour le reste, c'est bien foutu. Les ambiances colorées sont plus travaillées et plus agréables. Le découpage tient compte des codes créés par Lambil, on retrouve des plans d'ensemble qui rappellent fortement ses albums, mais le dessinateur enrichit aussi cette grammaire graphique en piochant dans d'autres BD ou films, certaines de ses pages, jouant sur l'étirement temporel et le suspense sont assez jolies. Par contre, il y a cette double page horrible ; en soi le dessin est beau, mais un des éléments centraux de cette gigantesque vignette, un train, est coupé maladroitement... du coup ça casse la beauté de cette double page, mais je ne doute pas une seule seconde que l'originale doit être splendide. Le design des personnages m'a paru correct, un peu moins fan de la tête énorme de l'âne mais pour le reste ça passe.
Bref, un album correct au final, ça se laisse lire, c'est mieux structuré que ce que Cauvin proposait dans les derniers tomes que j'ai pu lire, mais les auteurs ont voulu trop en faire et ont ainsi saboté leur propre travail avec un traitement plutôt superficiel des situations et des personnages. Dommage.
Créée
le 29 déc. 2020
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