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Le vieux salopard, Amerigo, est mort et enterré, et, forcément, il ne peut plus raconter grand ’chose au seul mec honnête de la famille, James Ricci, qui s’est mis dans la tête d’épicer ses productions romanesques habituelles par la rédaction d’un livre racontant précisément l’histoire de sa propre famille.

L’enjeu, pour Mandrafina, était donc de déterminer comment on pouvait faire un second volume fondamentalement assis sur la même trame : la collecte par James de renseignements familiaux propres à lui permettre de rédiger son bouquin. Mandrafina a l’habileté d’éviter la platitude d’une requête nouvelle de James auprès de sa si belle famille. Le passé resurgit dès le premier des 11 chapitres, sous l’espèce de souvenirs en flashback évoquée par la mère et la tante de James (donc, la femme et la sœur d’Amérigo), devant le cercueil du maître-gangster, au cimetière, pendant la cérémonie des obsèques. Observons que James ne demande rien à personne, et que ces confidences restent semblent rester entre les deux femmes. Au chapitre 2, même dialogue, dans lequel entre l’oncle Tony.

Il faut attendre le chapitre 3 pour que, de l’autorité de la tante, James participe à l’un de ces dialogues intrafamiliaux. Mais c’est au chapitre 5 (page 41, quand même), que James reprend la main : il reçoit des confidences, quasi imposées (voir la progression pages 41 à 43) par sa mère, qu’il raccompagne à la gare. Dès lors, James ne lâche plus la main et se pose en réceptacle des confidences jusqu’à la fin.

Les méfaits et forfaits de la mignonne petite famille (essentiellement de la part du défunt Amérigo) sont tout aussi noirs que dans le premier opus : filles vierges et femmes livrées à la prostitution, violences aux femmes, meurtres, vols ; identité du père dissimulée à son fils ; femme traumatisée au point d’entrer en schizophrénie et de parler de son passé comme de celui d’une « autre », tout en devant assumer son rôle présent de tueuse ; et, bien entendu, la fatalité irrésistible des pulsions sexuelles... Le sordide et l’immoral atteignent des sommets.

Moins spectaculaire, mais (peut-être) plus profond, on voir se résoudre par petites touches dispersées au fil des pages le problème majeur posé explicitement par les femmes de la famille (essentiellement la mère de James, Carmela) : comment est-il possible que des membres d’une même famille aient eu des vocations et des destinées si différentes ? On découvre que chacun s’est positionné par rapport au comportement d’Amérigo, en choisissant des options variées pour trouver un équilibre soit personnel, soit dans les relations intrafamiliales.

L’humour, assez mitigé, pas toujours noir, permet au lecteur de respirer entre deux scènes de violence aveugle : page 7, le prêtre qui, au cimetière, n’arrive pas à faire taire ces dames qui jacassent au-dessus du cercueil, mais pour réciter une oraison qui se perd dans un « blablabla » peu théologique; page 9, les minauderies d’une adolescente qui se regarde, nue, dans un miroir ; chapitre 2, le nombre de verres d’alcool que s’envoient la mère et la tante.

Un curieux rêve commun à plusieurs membres de la famille (chapitre 2) nous emmène au bord du fantastique.

On apprécie quelques procédés intéressants mais localisés dans le dessin (en sus de ceux répertoriés pour le tome 1) : page 8, dernière vignette, pour le décor urbain, substitution d’une photo à gros grains au dessin de Trillo.

Bon, qu’est-ce que fait James de tous ces renseignements ? Eh bien, il tente vraiment d’écrire son bouquin, mais sans trouver le ton et l’habillage qu’il faut, ce qui donne lieu à des transpositions assez drôles (chapitres 7 à 10). Quant à la dernière touche portée à l’écriture de ce bouquin, on constatera au chapitre 11 que la famille ne faillit nullement à sa réputation...

Joli exercice de style, sur fond assez racoleur de violences assez pénibles dans l’ensemble.
khorsabad
7
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le 27 avr. 2013

Critique lue 173 fois

khorsabad

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