L'Ordre noir - Marlysa, tome 12 par Eric17
« Marlysa » est une série née il y a une quinzaine d’années maintenant. Je l’avais découverte lors de la parution de son premier tome. Cette époque correspond à ma rencontre avec « Lanfeust de Troy ». J’étais donc sensible à la mouvance de l’heroïc fantasy grand public qui était en plein essor à l’époque. J’avais trouvé sympathique de suivre les aventures de cette héroïne masquée dont le passé nous était inconnu. Au fur et à mesure des épisodes, on voyait les zones d’ombre s’éclaircir. La grande révélation nous était offerte lors du cinquième tome. Par la suite, le scénariste Jean-Charles Gaudin et le dessinateur Jean-Pierre Danard ont décidé de prolonger les pérégrinations de la jolie Marlysa. Ces dernières s’avérèrent d’une qualité mitigée. Je voyais donc cette honnête saga péricliter. Le « Cycle du Secret » débutait lors du neuvième acte et voyait réapparaitre dans la trame les personnages historiques de la série. Mon attrait était ainsi relancé. « L’Ordre noir » marque la continuité de début de retour de flamme. J’espérais donc que les braises ne s’éteindraient et prendraient une autre ampleur.
L’opus précédant se concluait sur une dernière planche relativement révolutionnaire. On y découvrait les traits du fils caché de Marlysa. Ce nouvel album devait donc nous en apprendre davantage sur l’attrait principal de la trame. On suit donc le voyage de l’héroïne et de ses amis vers la cité abritant l’enfant. On suit donc leur périple en découvrant les différentes rencontres plus ou moins amicales qui l’agrémentent. Le rythme de la narration est relativement soutenu. Nous assistons à une bagarre dans un bar. Nous combattons des adversaires aux capacités régénératrices surprenantes. A l’opposé, nous sommes accueillis par des paysans sympathiques. Bref, le nombre de personnages est important et devrait permettre de donner de l’épaisseur à l’univers de l’histoire. Hélas, ce n’est pas vraiment le cas. Tout apparaît brouillon. Les événements se succèdent sans réel fil conducteur. Certaines scènes semblent dénuées de réel sens ou intérêt autre que remplir les planches. Je ne dis pas que chaque moment doit regorger d’une intensité narrative forte mais de temps à autre, il serait nécessaire que la trame possède des moments forts. Ce n’est jamais vraiment le cas dans cet opus.
L’attrait principal de ce cycle concerne l’existence du fils de Marlysa. Il nous avait été révélé dans les opus précédent. « L’Ordre noir » devait nous familiariser avec cet enfant et nous laisser espérer des retrouvailles. Evidemment, il nous paraissait évident que tout n’allais pas s’avérer si simple et j’étais curieux de connaitre les arcanes de tout cela. Mes attentes pleines d’espoir allaient être rapidement déçues. Les personnages sont rapidement posés et ne possèdent pas réellement de part d’ombre. Je ne suis pas curieux de les découvrir car ils sont complètement transparents. Le rôle de chacun évoluera peut-être mais leur personnalité semble figer dans le marbre. C’est dommage car cela empêche de réellement s’attacher aux différents protagonistes. La richesse des rencontres réside en partie dans le plaisir de découvrir les gens, d’être surpris. Ici, ce n’est pas le cas…
En plus du drame familial évident dans lequel nous plongeait notre lecture, j’étais curieux d’en savoir davantage sur ce fameux « Ordre noir ». On le voyait apparaitre à la fin de l’acte précédent. Il semblait offrir une nouvelle dimension politique à l’histoire. J’appréhende toujours ce genre de chose pour une raison toute simple. J’ai souvent l’impression que les auteurs rallongent une trame à la va vite pour faire durer le plaisir à défaut de le relancer. Mais à chaque fois, j’ai le secret espoir que la suite relance l’attrait de la lecture. Hélas, comme trop souvent, la montagne accouche d’une souris sans réel intérêt. C’est dommage. Une intrigue n’a pas besoin d’être trop complexe pour être passionnante. Par contre, il est important et primordial qu’elle soit bien construite. Ce n’est, à mes yeux, pas le cas dans cet album.
En conclusion, je suis sorti déçu de ma lecture. L’histoire s’enlise. Elle ne prend pas son envol. Elle s’enlise. C’est dommage car les personnages principaux sont sympathiques et déclenchent une certaine empathie. Mais leur quête n’est pas suffisamment bien achalandée pour qu’elle nous passionne. De plus, les dessins ne sont pas suffisamment travaillés pour qu’ils compensent les faiblesses du scénario. Je commence vraiment à désespérer que cette série réveille ma curiosité. C’est bien triste. Mais l’espoir fait vivre… Alors pourquoi pas lors du prochain tome ?
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