Le premier tome de The Infinite Loop a été une véritable surprise. Déjà par la découverte d’une artiste incroyable, Elsa Charretier, mais surtout par une histoire de science-fiction sans commune mesure où le thème de la minorité homosexuelle, et sa difficulté à vivre heureuse, est abordée. Abordée de façon inédite et intelligente. J’ai mis du temps à me lancer dans ce second tome, par peur de ne pas retrouver le « génial » du premier volume, par peur de devoir se dire une fois terminé, que cette aventure serait finie.


Teddy vit dans un futur lointain, un monde édulcoré et sans aspérité où il n’y a plus d’enjeux, plus de haine, et surtout… plus d’amour. Un monde en apparence apaisé et sans conflit et où les voyages spatiotemporels font partie du quotidien. Teddy y mène une existence parfaite, exerçant son travail de correcteur d’altérations temporelles, jusqu’à sa rencontre fatidique avec une anomalie des plus inattendues, une demoiselle dont elle tombe éperdument amoureuse. Au terme d’une course poursuite effrénée à travers l’espace-temps, les deux jeunes femmes sont séparées, Teddy saura-t-elle retrouver sa bien-aimée et affronter des agents gouvernementaux aussi vicieux qu’implacables ou devra-t-elle se résigner et rentrer dans le rang ?
Comment s’épanouir quand on vous empêche d’aimer librement ? C’est la question à laquelle tentent de répondre Pierrick Colinet et Elsa Charretier, couple d’auteurs français évoluant sur le marché américain, avec The Infinite Loop : une histoire humaniste où la S.F. est un moyen d’aborder des sujets plus délicats.
(Contient les épisodes #4 à 6)


Nous avions laissé, abandonné, Teddy alors qu’on venait de lui arracher Ano ! Ce fut le point de départ d’un véritable chamboulement dans la vie de Teddy, dans la vie tout court, puisque notre héroïne, en tentant de fracturer, plus que nécessaire, l’espace-temps, découvrit l’existence d’une multitude d’autres Teddy ! Si leurs vies, leurs histoires semblent différentes, un point commun les unissent toutes : Ano ! Un point commun les rassemblent toutes au même endroit : notre Teddy !


La colère de Teddy, son envie de revoir Ano, de la retrouver vont la pousser à violer, franchir toutes les barrières de l’espace-temps, et ce malgré les conseils, les suppliques des autres Teddy. C’est peine perdue, Teddy est prête à tout ! Qu’y a-t-il de plus motivant que l’amour ? Quel qu’il soit ? Si les autres Teddy la mettent en garde, si ses souvenirs, et ceux des autres la motivent davantage, il faut également prendre en compte le bureau des correcteurs d’altérations temporelles, bien décidés à faire disparaître Teddy, Ano et même toutes les autres anomalies conservées au centre de stockage d’où sont sauvegardées toutes les anomalies n’ayant jamais existées !


En gardant son aspect science-fiction avec ce voyage fantastique, avec ces bonds temporels, avec ces personnages historiques emblématiques (Jean Jaurès, Malcom X), sans oublier ces clins d’œil S.F. excellents (on a la présence de Marty McFly dans ce deuxième tome !), c’est surtout l’aspect dénonciateur qui prend le pas dans ce volume avec la question que nous posent Pierrick Colinet et Elsa Charretier : comment vivre heureux quand on ne rentre pas dans les cases standards, quand on se démarque, quand on est « catalogué » comme étant « différent » ?
Qui décide que la majorité est synonyme de normalité ? Qui décide que les minorités ont forcément tord ? Surtout, qui décide comment on doit vivre pour être heureux ? Quand on réfléchit un peu à notre monde, à notre époque, et en repensant, simplement, à certains événements récents, et se rend compte, horrifié, que la plupart des attentats, des drames humains que l’on vit ces dernières années sont l’œuvres de fanatiques, de tordues qui se permettent de juger notre façon de vivre, notre façon de vouloir être heureux ! Au nom de quoi ? De qui ?
Et avec les récents événements d’Orlando, une œuvre comme The Infinite Loop nous prouve, nous démontre, une fois de plus, que la différence n’est pas, si, acceptée que l’on essaie de nous le faire croire, malheureusement. Même quelque chose d’aussi anodin et personnel que l’homosexualité…


Graphiquement, que dire de plus que ce que je n’ai déjà dit dans le premier tome. Elsa Charretier une artiste divine au talent indéniable. C’est un véritable régal pour les yeux, des personnages beaux, une ambiance unique, un rythme fluide et limpide, une véritable découverte que cette artiste qui explose littéralement.


Néanmoins, car il y a un petit point noir, il est dommage d’avoir coupé cette série en deux tomes. Les trois premiers chapitres sont prenants, captivants, alors que les trois suivants, tout en restant fantastiques, n’arrivent pas à reprendre le niveau là où il en était. Une coupure vraiment préjudiciable au rythme de lecture et à l’intensité de l’histoire.


Bref, ce deuxième tome de The Infinite Loop démontre que ce titre est à la fois intelligent, pousse à la réflexion et offre un divertissement sans pareil. Il est vraiment plaisant de lire de telles histoires, et cela est surtout utile, nécessaire ! Et quand en plus, c’est l’œuvre de deux frenchy, c’est juste formidable.

Romain_Bouvet
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le 9 sept. 2016

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Romain Bouvet

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