Le Choucas devrait trouver un autre job

Indiscutablement, l'album est réalisé par un passionné de la Série Noire: on s'efforce à toutes les pages de restituer l'atmosphère populaire et dépenaillée des quartiers plus ou moins fréquentés de Paris, des appartements sans charme, avec des chiens qui pissent sur l'angle des socles des statues, les corbeilles à papier qui dédaignent leur contenu et réciproquement, des dessous de pont taggués et puants, des escaliers de métro stickés de post-it lamentables...

Les personnages ont des gueules réjouissantes, à la limite de la trogne de caricature; mais les femmes aussi, et il ne faut pas attendre de leur part une note particulièrement glamour. Le Choucas lui-même annonce la quarantaine, paraît-il, mais, vu sa tête froissée et fatiguée, je lui donnerais quinze ans de plus sans problème.

Des citations de nombreux romans noirs, censées être amenées par le personnage principal, montrent la culture de l'auteur en ce domaine. On ne poussera pas jusqu'à dire que l'on trouve subtile l'idée de nommer une gare rurale "Saint-Cheyney".

Le résumé proposé ici ne servant pas à grand chose, on va dire que, dans ce récit, le Choucas se fait rouler deux fois par des clients qui l'engagent en tant que détective privé; mais, comme il ne parvient pas à réussir ses missions, il se retrouve peu - ou pas - payé. Un tel degré d'incompétence justifierait à lui seul qu'il cherche un autre job. Le Choucas finit par établir un lien entre les deux affaires, avec une explication finale alambiquée qui ne convainc guère.

Il y a urgence, car le Choucas est super fauché, et vit avec ses cartons dans un appartement qu'il n'arrive jamais à peindre.

On attendrait des dialogues un peu percutants ou argotiques, mais, de ce côté-là, seuls quelques moments d'humour un peu poussifs en tiennent lieu.

Au total, il faut aimer les détectives loosers à la tête de Droopy.