Cette blague-là tombe à l’eau

Ce nouvel arc de Scott Snyder avait la difficile mission de passer après le récit des Hiboux, récit qui avait parfaitement lancé pour le Batman New 52. Pour pallier à cela, le scénariste de Batman a mis toutes les chances de son coté en faisant revenir l’ennemi iconique du Chevalier Noir : le Joker. Avec un méchant évident et un titre aussi tendancieux (Référence au Deuil dans la famille et la mort de Robin), l’ouvrage commençait à devenir très intéressant. Pourtant si tout n’est pas mauvais, les promesses ne sont clairement pas tenues.

Après quelques mois d’absence, le Joker revient à Gotham. Et autant dire que son come-back se fera en fanfare ! Venu récupérer son visage (oui, oui), dans le commissariat du GCPD, le clown s’amuse à massacrer la totalité de la brigade, laissant néanmoins la vie sauve à ce bon vieux Gordon, histoire de faire monter la pression. Le mode opératoire de ce nouveau Joker est plutôt original : suivant les bonnes règles d’un remake, il recommence tous ces crimes, en changeant certains détails, histoire de nous surprendre et le Batman avec. L’ambiance est bien sombre, Gotham nous propose son plus hideux visage et les tensions entre les membres de la Bat-Family commencent à apparaitre.

C’est justement pour cette famille que le Joker revient. Elle le dégoute et il ne va à partir de là cesser de promettre de la détruire. Selon le psychopathe, les alliés de Batman l’ont entrainé sur la mauvaise pente, l’ont rendu mou et faible. Ce sont des poids morts qui empêchent la plénitude du duo. Parce que oui le Joker aime Batman et Batman doit aimer ce Joker. Après tout pourquoi pas, la relation Batman-Joker vu à travers le prisme de la Bat-Family me semble être une bonne piste de réflexion, plutôt inédite. Mais c’est justement à partir de ce moment-là que le soufflé retombe. Comme par magie, le Joker (complètement omniscient pour le coup) va mettre la main sur l’intégralité de la famille, Alfred compris et va établir un plan sacrement costaud qui entrainera son Batou à … l’Asile d’Arkham ! Niveau originalité, on retombe dans le néant mais ce n’est pas le plus grave. Voir Batman se jeter la tête la première sans réfléchir, se livrant totalement au clown, voilà qui me chagrine un peu plus.

On atteint ici la 3eme partie du Deuil de la Famille, probablement la pire. Sans trop spoiler, voici que le Joker a la main sur tous les super-héros de Gotham, domine les vilains emblématiques de l’asile, avec en plus Batman à ses pieds. Pourtant il ne va ici absolument rien se passer, la fin de l’épisode débouchant sur un véritable statu quo. Si on peut comprendre que le Joker poursuivre sa valse avec Batman, pourquoi être si clément à la Bat-family ? Celle qu’il déteste tellement et qui l’empêche de profiter de l’homme chauve-souris à sa guise d’ailleurs… Evidement avec Nightwing, Batgirl ou Red Hood engagés dans des séries régulières, je ne m’attendais pas à un génocide, mais quand même…

Le Deuil de la Famille commence comme un récit d’anthologie et finit comme une déception. La note de 7 est méritée pour l’ensemble du tome, sublimé par les dessins de Capullo. Une première moitié de pure réussite mais un dernier acte creux et sans conséquence, qui empile les personnages pour ne rien en faire. Une question reste quand même en suspens : est-ce bien notre Joker ?