Les origines d'un Batman Grand Spectacle

Avec le lancement des New 52, DC s'offrait une cure de jouvence, se permettant de revoir son approche pour ses personnages les plus emblématiques. Évidemment Batman s'y place en première ligne et on ne pourra pas dire que Scott Snyder ménage ses efforts pour faire de son run sur le Chevalier Noir un des plus novateurs : nouvel ennemi iconique avec la Cour des Hiboux, nouvelle version du Joker dans Le Deuil de la Famille et aujourd'hui nouvelles origines de Batman avec l'An Zéro.

Si l'An Zéro Première Partie doit naturellement composé avec le lourd héritage de Year One de Frank Miller, Scott Snyder se sort admirablement du bourbier en proposant une volte face complète. Si Year One était sombre, intimiste et torturé (à l'image de son auteur), l'An Zéro sera lui lumineux, spectaculaire et explosif. C'est bien simple on ne voit quasiment que des scènes de jour, avec un Bruce Wayne ultra audacieux jouant de son physique et même de quelques bons mots qu'on ne lui connaissait pas. En choisissant de placer son Batman dans la tendance actuelle, Snyder s'éloigne de la vision classique du Chevalier Noir pour aller vers une relecture carrément Hollywoodienne. C'est bien simple l'An Zéro reprend toutes les bonnes règles du remake réussit : plus d'action, plus d'enjeu et plus de spectacle. Lire l'An Zéro m'a vraiment fait l'effet du visionnage d'un blockbuster à grand budget. A l'image de ce que fait Geoff Johns sur Justice League, l'An Zéro se veut être fun et explosif.

Dans cette nouvelle origin-story, Batman fait face au Red Hood, qui appuie lui aussi le coté blockbuster de cet arc. En effet, nous sommes en face d'un méchant extrêmement charismatique, sur lequel nous n'avons aucune information si ce n'est sa capacité à réunir un gang d'une centaine de personne grâce à menaces et pressions. Le duel Bruce-Red Hood va être marqué par les victoires du deuxième et les remises en question du premier. Pas de surprise ici, le déroulement de cet affrontement est plutôt classique tout comme les interventions d'Alfred ou de Gordon. En revanche comme dans tout bon film à grand budget, le récit s'offre un final épique : dans le lieu hautement iconique qu'est l'usine ACE Chemical, Bruce Wayne enfin devenu Batman s'opposera une dernière fois au Red Hood. L'alchimie parfaite entre le visage public de Bruce Wayne, la peur instaurée par Batman et la place trouvée par Alfred rend le combat mémorable, sublimé par les dessins de Capullo. Le sacrifice d'un des personnages et sa rédemption, ainsi que la fin ouverte pleine de question sont les dernières touches qui serviront à relier ce récit aux grands blockbusters du cinéma d'Holywood.

Dispensables en revanche sont les 3 derniers chapitres qui nous relatent la jeunesse de Bruce Wayne. La plupart des informations ont été données dans l'histoire principale et le changement de dessinateur fait mal aux yeux. J'ai aussi volontairement écarté l'introduction du Sphinx, qui jouera le rôle principal de la 2eme partie. Ici il est présenté comme un homme de main qui décide de prendre son indépendance, toujours fasciné par les énigmes mais plus calme que d'habitude.

L'An Zéro Première Partie est donc une origin-story vraiment intéressante et assumée de bout en bout. Bien conscient de l'inutilité de copier Year One, Scott Snyder s'inspire du cinéma à grand spectacle pour délivrer un récit complet et original. Moi qui adore le Batman sobre, gothique et torturé, j'ai pourtant réellement aimé ce tome. Et encore plus la 2eme partie...