The Year of the One Killing Joke
(attention, légers spoils)
Le tandem Snyder/Capullo, porteur de la franchise Batman post-New 52, continue son travail après un arc très prometteur (La Cour des Hiboux) et un autre très discuté (Le deuil de la famille) mais où le dessin de Capullo n'a pas laissé de place à la critique. Cette fois, le duo se lance dans les origines du personnage de Batman, comment Bruce Wayne est devenu le Caped Crusader.
Dis-moi Papa, c'est quand qu'on va où ?
L'édition Urban Comics nous gratifie d'une préface de Scott Snyder, nous indiquant qu'il a comme référence absolue Batman : Année Un de Miller, tant pour la définition de Batman que pour la qualité du comics, et que jamais il ne le remettra en question. Mais du coup, il va parler de quoi, dans les 150 pages qui viennent ? Ben de Bruce Wayne, qui réapparait à Gotham après des années d'absence, alors qu'il était légalement mort, de ses essais de lutte contre le crime, d'un moyen de soulever l'âme de Gotham avec Alfred pour seul ami. Bon en gros il refait Year One, quoi... Mais attention, sa volonté est de toiletter les origines de Batman, de les ancrer dans l'esthétique, les thématiques actuelles. et surtout le New 52. Mouais, pourquoi pas, on va lui laisser sa chance, mais la comparaison va forcément être faite et le récit va forcément doublonner avec celui de Miller. Une sensation de ne pas trop savoir ni où on se situe ni où on va qui est renforcée par les premiers chapitres, assez déconcertants, puisque désignés "auparavant" mais clairement situés après l'intrigue principale. J'avoue avoir fait beaucoup de retours en arrière et de feuilletage pour essayer de recoller les morceaux. La révélation dans le tome 2 ?
Red Joking Hood
Bruce Wayne rentre donc tout frais et plein de bonne volonté de ses pérégrinations internationales, bien décidé à assainir Gotham, soumise à la corruption, la pègre et un nouveau gang, celui de Red Hood. Il trouvera en Alfred son seul et unique complice, dans la famille Wayne la preuve que le mal s'insinue partout malgré les bonnes volontés, l'ébauche de quelques vilains assez bien amenés, notamment un petit cliffhanger final intéressant. Comme pour Year One ou Batman Begins, il va chercher, après des expériences infructueuses et extrêmement risquées et inconsidérées, le moyen de restaurer la paix à Gotham, qu'il trouvera, ô surprise, dans la cave du manoir Wayne.
Et du côté des méchants, quitte à puiser dans les références cultes et ancrées dans la mémoire collective, [SPOILER] Snyder va faire un tour du côté de Tim Burton et Alan Moore, dans une usine de produits toxiques, avec un mec au masque rouge qui tombe dans une cuve, savant mélange qui annonce un autre grand vilain à venir. [FIN DE SPOILER]
Coté dessin, ben on va dire que c'est du Capullo, c'est beau, sans trop en faire, on comprend un peu plus chaque fois pourquoi il fait la quasi unanimité.
Un tome finalement agréable à lire, avec une bonne réflexion sur la psyché des personnages et leurs relations, et la place évidente que doit se faire Batman dans la ville. Avec quelques chapitres très appréciables de La Jeunesse de Bruce (en dehors de Gotham), et surtout le chapitre 3, qui offre la quintessence de Batman et son refus de tuer.