Le Disciple de Doraku, tome 1 par Marius
«Le rakugo, c’est des papis qui portent de beaux kimonos et qui disent des trucs rigolos, non ?» Shota, 26 ans, ouvre un livre et connaît une épiphanie. Chamboulé par Apprendre le rakugo en s’amusant, il plaque son job d’instituteur en maternelle pour se mettre dans la position de l’élève. Son but : suivre les enseignements de l’auteur du bouquin, Doraku Sekishuntei, sorte de bonze à la dureté minérale. Profondément étrange pour un Occidental, la discipline est un stand-up assis, codifié à l’extrême, où un conteur réinterprète, accroupi sur un coussin et éventail à la main, des histoires vieilles de plusieurs siècles en modulant sa voix pour enfiler l’être d’une petite fille ou d’un ivrogne. Le manga d’Akira Oze suit cet apprentissage ingrat : l’épanouissement passant par la maîtrise sans égale des mots et du balai, Shota se transforme en domestique. Classique dans sa forme, Doraku a le mérite de ne pas sentir la naphtaline (le sujet s’y prête) et de donner à voir un Japon différent de celui du Lonely Planet.