"La tragédie du Mercurian" : avant première dans deux heures si vous vous obstinez !...
Les aventures allemandes forment peut-être les meilleurs albums de Yoko Tsuno : dans ce troisième épisode, la jeune électronicienne retrouve Ingrid Hallberg pour une intrigue assez inattendue.
Roger Leloup reprend quelques éléments d’albums précédents mais il n’en garde que le meilleur : la course-poursuite dans les vieilles pierres du Rhin (La Frontière de la Vie), la guerre technologique entre missile et anti-missile (les tornades de La Fille du Vent).
Au programme ici : un récit très riche en trois temps, qui commence dans un château rhénan, se poursuit avec un épisode inattendu dans le métro d’une grande ville allemande, et s’achève la nuit sur les côtes de la Bretagne. Roger Leloup se rattrape pour les albums précédents un peu creux, et livre cette fois un scénario haletant et plein de rebondissements.
La grande innovation concerne le personnage de Yoko, qui renoue enfin avec le côté complètement casse-cou qu’on n’avait pas retrouvé depuis les premiers albums. C’est aussi la première fois que Yoko a un début de sentiment, ce qui la rend un peu plus humaine, lorsqu’elle craque sur l’épaule de Vic Vidéo. Ce dernier a lui aussi gagné en consistance dans ce quatorzième album, tout un pan de l’aventure final est centré sur lui, et lui seul.
Pol Pitron n’est pas non plus en reste : Roger Leloup insère un peu d’autodérision bienvenue dans des aventures parfois trop pompeuses, et Pol livre des dialogues assez décontractés et plutôt mordants. Yoko aussi a quelques répliques assez cinglantes, qui tranchent avec le style habituel des dialogues, et c’est tant mieux !
Les graphismes sont toujours irréprochables, qualité Roger Leloup. Une mention particulière aux jeux d’ombre et de lumière entraînés par la foudre, ainsi qu’aux scènes maritimes autour de ce pétrolier titanesque. La mise en couleurs de la mer au coucher du soleil est parfaite, Roger Leloup peut remercier Béatrice !
Enfin cet album réalise le rêve de tous les lecteurs mâles du Journal de Spirou à l'époque : Yoko Tsuno en bikini. Juste pour cela, Le Feu de Wotan vaut déjà le détour.