La Spirale du Temps au micro-ondes.
Sur le voyage dans le temps, Roger Leloup avait visiblement oublié de dire des trucs : à peine sept ans après La Spirale du Temps, il reconvoque Monya et sa machine, pour expédier cette fois-ci Yoko et compagnie sur une île d’Indonésie en 1350. Un pitch ultra-simple, juste un prétexte pour ressortir du placard la machine à remonter le temps : dommage qu’à l’inverse de la Spirale du Temps, ici, l’intrigue du Matin du Monde soit truffée d’incohérences.
Présenter le passé comme un vaste débarras dans laquelle on peut aller et venir pour stocker des ULM et des combinaisons ignifugées, tuer certains types et en sauver d’autres, sans que cela ne change rien à l’avenir ... voilà qui fera hérisser les poils de plus d’un amateur de S.F. !
Cependant le véritable problème de cet album, c’est sa couverture, qui grille le suspense : toutes l’intrigue est bâtie autour de ces mystérieux démons volants de l’île du Matin du Monde ; des bêtes insaisissables, décrites parfois comme des oiseaux géants, ou bien des chauves-souris ... sauf qu’avec un gros ptéranodon révélé en pleine couverture de l’album, on perd tout le côté mystérieux et inquiétant de ces bêtes inconnues. Au passage, une question à laquelle ne répond pas Roger Leloup : pourquoi des ptéranodons en 1350 en Indonésie ?
L'intrigue est mal bâtie et perd complètement de vue certains personnages importants, comme Wati, Mike, ou bien la vieille sorcière. Malgré tout, on se souviendra de l’album pour une ou deux bonnes idées : tout d’abord le lien avec la gravure de la petite danseuse, qui ouvrait l’intrigue de la Spirale du Temps, et trouve ici son achèvement. Ensuite, la première véritable erreur commise par Yoko, qui laisse tomber son arme paralysante par mégarde : enfin un peu d’originalité pour une héroïne un peu trop parfaite !
Bilan, un album complètement déséquilibré, qui s’essouffle sur un thème déjà visité. On trouve ici ou là de bonnes idées, mais pour d’autres ... Yoko qui fait du parapente avec des monstres préhistoriques au-dessus d’un volcan en éruption : non, no way.