Dessin pénible

L'arrière-plan historique du récit est globalement conforme à ce que l'on sait: le dieu Mithra était surtout adoré chez les militaires et les esclaves romains aux IIe et IIIe siècles. Ce dieu, engendré par lui-même, est souvent représenté avec un bonnet phrygien, sacrifiant un taureau, dont la sang va féconder la terre.

Le tribun militaire Labiénus, brutal et obsédé par la guerre, voit naître un fils de sa femme Clélie. Il est fasciné par le sang qui coule, et se tourne vers une secte mithraïque qui préfère suggérer des sacrifices humains plutôt que celui d'un taureau afin d'obtenir la faveur de Mithra.

Le scénariste fait sa part de travail pour reconstituer l'atmosphère de la vie romaine: les grades des sectes mithraïques, les ruelles du quartier de Suburre (qui fascine inévitablement plus que les autres quartiers de Rome !), une course de chars avec desultores (jockeys maniant deux chevaux à la fois), les saucisses à l'ail vendues comme gourmandises sur les gradins, les catacombes (beaucoup de choses sont souterraines dans ce récit)...

Les noms des personnages sont empruntés à divers registres: Labiénus était le nom du lieutenant le plus précieux de César dans la Guerre des Gaules; Clélie est connue en tant qu'héroïne des premiers temps de Rome; Hostilius est le nom d'un roi de Rome, etc.

Par contre, le dessin gâche tout: sombre, strié de traits noirs, il enlaidit personnages et décors jusqu'à la caricature. Il ne donne pas envie de découvrir le récit. On se prend à rêver de ce qu'aurait pu donner le même récit, dessiné de manière claire et soignée.