Le cœur du sujet.
On retrouve dès la première page le caractère trempé de Cixi, plus qu’exigeante, capricieuse, revenue à Eckmül avant tout pour bénéficier d’« une vie de plaisir ». On repasse un épisode de Lanfeust de Troy : les retrouvailles de Cixi et Thanos lors d’une tentative d’assassinat contrée par le tyran, et la mise à l’épreuve instantanée, Thanos demande à Cixi d’ébouillanter son frère Bascréan.
L’atmosphère d’Eckmül est là et mieux encore, Christophe Arleston retrouve le rythme dense et aéré d’une narration sur plusieurs plans jusqu’à une séquence finale forte, spectaculaire, tout en continuant de distiller les éléments de l’histoire personnelle de son héroïne. Un miroir enchanté, reflet de sa conscience, vient éveiller les doutes dessus la jalousie et l’ambition qui lui ont gagné le lit de Thanos, la servante Lisseth lui dévoile les sorties discrètes du palais. Il y a cette péripéties initiale surtout : encerclée par les trolls de la garde, Cixi déploie agilité, ténacité et inventivité pour s’échapper dans la nuit et rejoindre ses appartements comme si elle ne les avait jamais quittés.
Cixi comprend, entrevoit ses propres capacités.
Le récit se rythme disais-je. Les séquences alternent différents personnages, différentes progressions qui toutes se catapultent lors d’une formidable séquence finale, jusqu’à décider Cixi à devenir l’Ombre Ténébreuse, à revêtir pour la première fois le noir pour s’opposer à Thanos et commencer de relever la cité qu’elle aime.
Le dessin d’Olivier Vatine ne vaut pas celui de Didier Tarquin pour Lanfeust de Troy. Les décors sont moins riches, les plans larges moins précis, moins détaillés. Mais le trait épais est agréable et dynamique, et les couleurs vives de Fred Besson enchantent l’ensemble d’une naïve magie pour l’œil.
Cixi de Troy prend son envol.
Matthieu Marsan-Bacheré