Massilia Aeterna est un le dernier tome en date de la série Leo Loden. Le détective imaginé par Serge Carrere e Christophe Arleston prend des traits bien originaux sur la couverte de cet opus. En effet, il semble avoir quitté notre époque pour se retrouver en fâcheuse posture durant l’Antiquité. Le titre aux consonnes latines de l’album semble confirmé ce voyage temporel.
Les auteurs avaient pris l’habitude de délocaliser les pérégrinations de leur héros aux quatre coins de la France. Cela leur permettait de jouer de manière humoristique avec les spécificités et les caractéristiques de chaque région. Ce vingt-cinquième épisode marque une liberté supplémentaire en immergeant l’univers de la série à une autre époque. Point de voyage dans le temps ou de subterfuge scénaristique bancal : Leo et ses proches vivent à Massilia comme s’ils y étaient depuis toujours. Loden et devenu Lodanum mais il bien du seul changement dans sa personnalité.
Je ne vous cacherai pas que je trouvais que la série avait tendance à s’essouffler de manière inquiétante depuis quelques tomes. L’humour apparaissait plus forcé et maladroit, les histoires étaient souvent sans grand intérêt et bancales. Peut-être que ce changement d’époque allait offrir un second souffle pour laquelle j’ai une réelle affection depuis que je l’ai découverte il y a une vingtaine d’années.
Les ingrédients humoristiques de l’histoire sont proches de ceux utilisés dans un album d’Astérix. Les jeux de mots, les clichés historiques, les parallèles entre l’Antiquité et notre époque. Les moments drôles sont dans les détails. L’oncle de Léo apporte son écot à la bonne humeur générale par son côté décalé et sa personnalité haute en couleur. Sans avoir le talent d’un René Goscinny, Arleston a montré dans *Lanfeust de Troy* ou dans *Leo Loden* qu’il était capable d’assaisonner ce type d’ingrédients avec un certain talent. Je dois dire que la recette de cet opus produit un résultat un petit fade et grossier. Les traits d’esprit des dialogues sont amenés de manière souvent trop lourde et ressemblent trop peu souvent à une petite trouvaille drôle et subtile. L’Antiquité est finalement assez peu exploitée par le scénario. L’histoire aurait tout aussi bien se passer de nos jours sans avoir besoin de changer grand-chose.
En effet, la trame se construit autour d’une enquête sur une histoire de femme trompée. Evidemment, le mari volage est un notable local et de fil en aiguille, Leo déterre un bon nombre de cadavres mouillant politiques et célébrités locales. Je ne reproche rien au classicisme des ingrédients intitulés mais plus au résultat obtenu. Je ne me suis jamais vraiment passionné pour l’intrigue. Les rebondissements n’ont jamais éveillé ma curiosité. Quant à l’issue, elle me désintéressait. Je n’ai pas le souvenir d’être envahi par ce type de sentiment au cours de ma lecture des premiers tomes de la série. Je les trouvais drôles, divertissants et rythmés. Aujourd’hui, cette magie semble avoir disparue. C’est bien dommage car les auteurs ont montré qu’ils avaient le talent pour construire des histoires prenantes. Leur talent s’est-il amenuisé ? Ne se donnent-ils plus les moyens de l’exploiter pleinement ? Le résultat est que ce *Massilia Aeterna* se déguste sans saveur et c’est bien dommage…