Mind Game
7.6
Mind Game

Manga de Robin Nishi (1995)

Ce serait aller un peu vite que de dire que Mind Game est moche. Le pavé de Robin Nishi, publié il y a une dizaine d’années au Japon, pétille comme une fille (ou un mec) dont on dit que l’important est sa beauté intérieure. Mind Game a du charme et une âme. Son auteur, qui fut assistant de Kazuo Umezu (maître du manga d’horreur), a eu le temps d’intégrer tout le bagage technique, la science du rythme et du découpage propre au manga. Mais Nishi a voulu laisser son œuvre à l’étape du story-board, afin de ne pas gâcher le trait primal, la composition barj jetée sur le papier en première intention. A la manière d’un Trondheim qui apprend à faire de la BD en réalisant les Carottes de Patagonie, il veut être direct et ne rien cacher avec le subterfuge du crayonné qui assagi, encadre, borde. Du coup, Mind Game est franc, exagéré, turbulent, sinueux et foutraque.

Tout part d’un dîner entre l’apprenti mangaka Nishi (le personnage, pas l’auteur) et la belle Myon dans le restaurant familial de la jeune fille. Leur histoire d’amour aurait pu fonctionner en d’autres circonstances, mais Myon lui annonce qu’elle va se marier. Le futur époux débarque, le dîner est sur le point de partir en sucette quand un tandem de yakusas entre pour collecter les dettes du paternel de Myon. Nishi se retrouve à quatre pattes, un pistolet dans le postérieur. Le coup de feu part. Le rendez-vous amoureux finit en tête-à-tête avec Dieu. Un peu perverse, l’instance supérieure se garde bien d’offrir à Nishi le plaisir de voir défiler toute sa vie devant ses yeux, comme le veut la coutume. Au lieu de ça, Il rejoue en boucle la scène de sa mise à mort sur écran géant, en réalité augmentée, avec «indice de rétractation des coucougnettes» et «baromètre de colère» qui grimpent en différés. Nishi se débat, conteste, franchement il est trop jeune pour crever aussi bêtement. Au lieu de suivre la lumière bien sagement, il se tire dans l’autre direction. Retour sur Terre. Retour à quatre pattes.

Pour ne rien gâcher de l’histoire, on se contentera de dire qu’une bonne partie du récit qui suit se déroule dans le ventre d’une baleine. Mind Game est une somme dingue et totale, un délire existentialiste sous la forme d’un Robinson Crusoé imprimé sur du papier buvard.

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le 12 févr. 2015

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Marius

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