Ce tome fait suite à Namor Visionaries - John Byrne 1 (épisodes 1 à 9). Il contient les épisodes 10 à 18 parus en 1991. Tous les épisodes sont écrits, dessinés, encrés et lettrés par John Byrne, et mis en couleurs par Glynis Oliver.


Namor (McKenzie) est toujours le PDG d'une entreprise florissante appelée Oracle dont on ne sait plus très bien dans quelle branche d'activité elle est. Il est accompagné par Namorita (Prentiss), sa cousine. Il a perdu ses petites ailes aux chevilles, et par conséquence ne peut plus voler. Il est en relation avec Desmond et Phoebe Marrs, responsables d'une entreprise rivale. Épisodes 10 à 12, juste après la réunification des 2 Allemagne (03/10/90), Namor et Namorita se rendent à Berlin alors que 2 supernazis (Ubermensch et Kiegerfrau) viennent de sortir de leur hibernation où ils avaient été plongés juste après la seconde guerre mondiale. Épisode 13 - Namor a accepté d'être jugé pour ses crimes sur le sol étatsunien, commis depuis qu'il a retrouvé sa mémoire dans l'épisode 4 de la série Fantastic Four (paru en mai 1962). Épisode 14 - Phoebe Marrs avoue son secret à Namor qui hérite par ailleurs d'un gros toutou pas commode. Épisodes 15 à 18 - Un atlante vient annoncer à Namor dans son bureau de PDG d'Oracle que Lady Norma (l'épouse décédée de Namor) est réapparue vivante. Namor rejoint Atlantis et part enquêter au Pays Sauvage (Savage Land) où Danny Rand (Iron Fist, décédé peu de temps auparavant) fait effectuer des bricolages louches sur les machines des Nuwali (race extraterrestre) qui maintiennent le climat artificiel de cette zone.


D'un coté, il est évident que l'implication de John Byrne augmente sérieusement avec ces épisodes. Il reprend à son compte l'encrage de ses dessins, et il effectue le lettrage par lui-même. Il utilise pour le lettrage un logiciel dans lequel un de ses amis lettreurs a rentré chaque lettre de l'alphabet calligraphiée par Byrne à 3 ou 4 reprises. Le logiciel va ainsi piocher dans une série ou une autre, ce qui produit un effet de variété à la lecture des phylactères, gommant l'aspect trop régulier de l'emploi d'une seule série. Il utilise également l'outil infographique pour ajouter des trames sur ses dessins, et introduire un degré d'ombrage entre rien et une ombre en noir plein.


Au fil des épisodes, il apparaît que Byrne a consenti un effort significatif pour augmenter le pourcentage de cases pourvues de décors ; rares sont les pages sans aucun décor. Il innove également un peu en ce qui concerne le rendu des textures, en particulier celle du cuir sur le blouson d'Ubermensch, ou sur le fauteuil directorial de Namor. Byrne est toujours aussi impressionnant par sa capacité à imaginer des dessins dans lesquels les superhéros apparaissent dans une posture iconique. C'est un vrai plaisir de voir Captain America s'entraîner dans la salle de gymnastique des Avengers, ou de voir Iron Fst préparer son poing de fer. Au fil des épisodes, Byrne se fait plaisir en utilisant des personnages secondaires ou délaissés de l'univers partagé Marvel, auxquels il sait donner une présence qui les rend intrigants. Même Spitfire (Jaqueline Crichton), une superhéroïne des Invaders, devient quelqu'un que le lecteur souhaite tout de suite mieux connaître. D'une manière générale, il est visible que Byrne prend plus de plaisir à dessiner les femmes que les hommes (Namor mis à part). Spitfire bénéficie d'une cure de jouvence, Namorita ne sert pas que de faire-valoir, Shanna est élancée et vive dans son costume minuscule, Misty Knight en impose par sa détermination, et Phoebe Marrs a droit à un traitement de faveur. Elle change régulièrement de tenue, elle a un langage corporel qui montre qu'elle est habituée à être obéie au doigt et à l'oeil, elle existe visuellement face à Namor qui pourtant en impose. Bien sûr, Byrne ne peut pas se retenir de glisser 2 scènes dans lesquelles une femme en petite tenue est menacée de sévices corporels par un mâle qui en a après sa vertu. La première à être placée dans cette position humiliante est Ann Raymond, la femme de Toro, la seconde est Phoebe Marrs, face à Ward Meachum. Heureusement, il prend soin de faire en sorte que Phoebe Marrs refuse le rôle de victime et humilie au final son tortionnaire.


Pour les intrigues, Byrne se nourrit de l'univers partagé Marvel pour alimenter ses récits et faire voyager Namor au gré de sa fantaisie. Il l'envoie à Berlin pour une confrontation avec une énième résurgence de nazis (pas plus, pas moins inspirée que les centaines d'autres qui l'ont précédée, juste insipide). Mais il apparaît que ce qui intéresse Byrne, c'est surtout de créer une version moderne des Invaders et de refaire joujou avec Human Torch (Jim Hammond). Il s'offre le plaisir d'effectuer une rétrospective (rapide quand même) sur l'historique des actions de Namor dans les temps modernes, dans un dispositif astucieux qui est celui de son procès. Il prend le temps d'un épisode dédié aux sentiments de Phoebe Marrs, et à ceux de Namor. Et c'est reparti pour les tribulations, d'abord à Atlantis, puis en Savage Land, avec de nombreux invités surprise, et même une apparition rapide du Punisher.


Il devient vite évident que John Byrne raconte des histoires à destination d'un public de jeunes adolescents, avec la volonté de revenir à des récits de superhéros traditionnels, sans névroses terrifiantes, ou ayant perdu leurs convictions morales. Par rapport à une production plongée dans le réalisme et la violence spectacle du fait de créateurs traumatisés par Watchmen et Dark Knight returns, ces épisodes apportent une bouffée d'air frais dans un univers partagé où les superhéros ressemblent de plus en plus à des psychopathes. Le lecteur a donc le droit à une suite d'aventures grand spectacle, avec une dose raisonnable de sentiments, pour de l'action rapide et variée. Mais lire ces épisodes à la suite montre aussi que Byrne se repose sur une structure un peu figée : il développe l'aventure en cours, il insère un ou deux combats pour le quota de violence, il insère quelques pages pour introduire la prochaine aventure, et il n'oublie pas un peu de romance entre 2 personnages. Le tour et joué et il réapplique le même schéma pour l'aventure suivante. En fonction de la sensibilité du lecteur cette suite d'aventures pourra constituer un divertissement agréable et dépaysant, ou il pourra s'avérer un tantinet trop superficiel et basé sur un schéma un peu répétitif avec un recours à des idées usées (encore des nazis de pacotille).

Presence
6
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le 21 avr. 2020

Critique lue 54 fois

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