Scénario : Mick est ce qu'on appelle un indécis, ou même plutôt un glandeur. Il a la trentaine, et n'est pas encore entré dans la vie active : chômeur, il passe son temps sur le canapé à attendre que quelque chose ou quelqu'un lui rende la vie plus exaltante. Heureusement pour lui, c'est son père, avec qui il s'est fâché il y a des années de cela, qui va lui proposer de l'accompagner faire un tour du monde, avec un salaire et tous les frais payés par lui. Au premier abord, Mick pense que son acariâtre de père a besoin de lui à cause de son handicap qui l'empêche de marcher correctement, mais finit par comprendre que c'est pour renouer des liens avec lui et redécouvrir les lieux qu'il avait visité trente ans auparavant avec sa femme décédée. Jouvray, le scénariste de Lincoln, ne nous avait pas habitué à un scénario aussi personnelle, et il réussit à nous émouvoir tout en nous proposant des personnages attachants et une ambiance sublime.
Dessin : Salsedo fait clairement dans le semi-réalisme décomplexé. Ses personnages sont plutôt stylisés, très expressifs ; ses décors sont impeccables.
Pour : Il est (trop) rare que les coloristes aient leur nom sur la couverture au même titre que les scénaristes et dessinateurs. Quand on admire la qualité de mise en couleur de la bd, on comprend mieux pourquoi ; de plus, le coloriste de cet album s'avère être le petit frère du dessinateur, il était donc nécessaire de mettre leurs noms côtes à côtes.
Contre : Même si son trait ne manque pas de personnalité, les personnages de Salsedo manquent de finesse et d'élégance dans leurs gestes et expressions, notamment pour la soeur de Mick, qui fait un peu "tâche".
Pour conclure : "Nous ne serons jamais des héros" est un très bon titre, avec une histoire prenante et une ambiance remarquable. Les trois auteurs s'entendent apparemment plutôt bien, puisqu'ils ont démarré une nouvelle série l'année dernière : "Au royaume des aveugles".