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L'intérêt de la série "Akissi", c'est le rendu convaincant de cette naïveté enfantine et de ces pulsions ludiques qui conduisent les gosses à faire les bêtises les plus consternantes, qui ne sont pas toujours sans conséquence. Ainsi, dans l'épisode-titre, la volonté d'Edmond de s'identifier à un super-héros illustre cette volonté de puissance et ce comportement d'imitation que tout le monde vit à un moment ou à un autre. Sauf que là, quand tu n'as vraiment des pouvoirs surhumains, il faut savoir limiter ton imitation avec sagesse. On remarquera l'irresponsabilité et l'immaturité des autres gosses qui, loin de s'inquiéter d'un comportement dangereux, encouragent Edmond dans sa tentative suicidaire. Ce côté éducatif de l'anecdote est étayé par l'état dans lequel se retrouve Edmond.

Un des charmes de la série est de nous ramener aux réalités de l'enfance : dans ce quartier populaire d'Abidjan, les gosses ne sont pas gavés dès leur naissance de machins électroniques qui font bip-bip, qui les irradient, les poussent à une surenchère de libido acheteuse dès qu'ils sont en concurrence avec leurs camarades, ruinent leurs parents, les habituent à ne jamais remettre à plus tard la satisfaction d'une lubie ou d'un désir superflu (futures proies rêvées pour les crédits bancaires et le surendettement), et, par la grâce des téléphones portables qu'on leur confie à la sortie du biberon, deviennent indépendants, arrogants, et addicts au porno dès leur sortie de l'oeuf.

Akissi, par la force des choses et du pouvoir d'achat de ses parents, a des plaisirs nettement moins atterrants : manger des bonbons jusqu'à prendre une carte d'abonnement chez son dentiste, jouer à la Maman avec un vrai bébé qu'on jette par terre dès qu'il y a plus intéressant à voir; adopter une souris comme doudou; plaisir suprême et visiblement exceptionnel : entrer dans une salle de cinéma (sans payer, bien sûr !) sans savoir à l'avance quelles sensations on va éprouver.... Gare aux poux ! Enfin, dans la mesure où on ne peut pas se servir de ces bestioles pour éviter la corvée-coiffure faite par Maman, qui confectionne ces mini-tresses qui tirent tant sur le cuir chevelu ! N'emmenez Akissi à la messe que si vous êtes sûr d'avoir l'oeil sur elle en permanence !

Le dessin joue toujours sur ces têtes d'enfants énormes, son rendu 2D des personnages et des décors, ces contours un peu tremblotants dédaignant la pure rectitude des traits. Toute l'ingénuité graphique adaptée à l'enfance qui se fiche pas mal du réalisme des détails.
khorsabad
6
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le 6 févr. 2015

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khorsabad

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