Dans ce quatrième album, Fournier se sent enfin assez à l'aise pour assumer pleinement son héritage et intégrer au sein d'un même album son univers et ses personnages, ainsi que l'univers et les personnages créés par André Franquin, avec d'une part une histoire dans laquelle intervient un mélange du Triangle et de Zorglub; d'autre part tous les personnages vedettes de l'un et de l'autre.
A cette galerie de personnages, il ajoute un nouvel élément féminin, la charmante Ororéa, ce qui est très en vogue (et c'est tant mieux car il était temps) à l'époque chez Dupuis avec des personnages comme Natasha ou Yoko Tsuno
Si l'histoire prend le prétexte un peu bateau et redondant de l'enlèvement qui entraîne nos héros dans l'aventure, sauf que cette fois-ci, c'est Zorglub qui s'y colle plutôt que Itoh Kata dans l'album précédent, le reste de l'intrigue s'enchaîne et est bien rythmée.
Fournier se laisse également aller à son goût immodéré pour les calembours vaseux, et à sa propension pour les jeux de mots honteux, et après tout, il a bien le droit de se faire plaisir aussi.
Jean-Claude Fournier continue à faire évoluer son dessin avec de belles ambiances, un chouette travail sur la lumière, et des cadres très cinématographiques. Cette île de Polynésie est très inspirées, et les décors, sont très bons, mention spéciale à l'ancienne base secrète de Zorglub.
Pour la première fois avec Tora Torapa, Fournier se hisse à la hauteur de son illustre prédécesseur et sort un album qui s'avère même meilleur que certains des albums de Franquin.
Un bon album de Spirou et Fantasio qui permet au dessinateur breton de prendre sa place et ça fait plaisir à voir comme à lire!