Sexe et mafias, mais toujours foot !
Comme on ne pouvait faire plus débile que le tome 1, ce tome 2 augmente sa note d'un point parce qu'un semblant d'intrigue apparaît. Enfin, à certains moments: une fille de bonne famille, Eloïse, préfère le foot à la bonne éducation que veut lui inculquer sa famille aristocratique, les Riffler. L'internat où sont logés quatre des garçons est menacé de disparaître, suite à des projets de centre commercial, sur lesquels se retrouvent le comte Riffler, père d'Eloïse, et le maire, qui a la tête d'un mafieux. Le black aux dreadlocks, Gabriel, a laissé ses parents en Afrique, mais est troublé par le charme d'Eloïse, qui s'impose dans la bande en détournant un ballon adverse de leurs buts, malgré les réticences de Tag, le meneur de la bande.
Ceci dit, on retrouve toujours, tels des X-Men égarés dans le réel, ces ados saisis par la folie du foot, et qui y cherchent affirmation d'eux-mêmes, supériorité, et passion. Il faut voir leurs yeux briller à la perspective du moindre coup de pied un peu calculé. Les défis et les répliques méprisantes façon Dragonball montrent bien la mentalité prépubère à laquelle s'adresse cette série.
Plus inquiétant, cette série fait preuve d'un remarquable esprit démagogique. Je ne parle même pas du foot, c'est trop évident. Mais, en rendant sympathique la bande de Tag et Gabriel, on tend à légitimer leurs actions et comportements. Or, que font-ils ? Ils incitent le jeune lecteur à faire comme eux, à savoir du foot de rue, sans le moindre souci des dangers qu'il y a à s'amuser ainsi. Va trouver une ville où les rues sont vides de toute circulation, où il n'y a pas la moindre vitre à briser ! Ils cassent le buste de l'ancêtre Riffler, en jouant... en pleine maison !
Pire, on assiste à la construction entre eux d'un "code d'honneur", qui intègre quelques bribes d'éthique footeuse, certes, mais aussi des valeurs comme "secret" et "solidarité"; c'est beau, ça ferait pleurer, sauf que, dans la pratique, cela sert à justifier des comportements que les adultes qualifieraient de "loi du silence", d'"omerta", et de faux témoignage. La page 10 est édifiante à ce sujet. De plus, cela incite le jeune lecteur à trouver normale la sociabilité en bandes ayant chacune leur code, mentalité primitive typique de la loubarderie de banlieue, et on ne voit pas que la sociabilité en "gangs" de jeunes reçoive une définition très différente. Les adultes qui, au moins dans cet épisode, cherchent juste à inculquer des règles de sécurité et de conservation du patrimoine, sont présentés comme d'antipathiques chieurs.
Belle mentalité !