« L’amer génocide des rêveries enfantines ... »
Fin de partie mineure pour une saga jusque-là magique : le scénario élaboré par Téhy tombe dans la confusion, tandis que le trait de Franck Leclercq peine à assurer la relève après les dessins époustouflants de Béatrice Tillier pour les deux premiers tomes. Un troisième opus en forme de petite déception.
Pourtant il y avait de bonnes idées ! L’intrigue se concentre pour une bonne moitié sur le personnage de l’Emperor Wolfgang Miyaké, mais son petit côté tragique s’estompe assez vite, et il s’enlise dans le rôle banal du très grand méchant. Dommage, il aurait mérité un meilleur développement. Idem pour la Nécro-Nonne, un automate vicieux ressurgi des limbes du passé ... mais comme elle passe vingt pages à pourchasser Jam, on doute qu’elle se découvre une vertu en deux cases, comme Téhy veut nous le faire croire.
Jam, de son côté, est presque un running gag : il est tué puis ressuscité au moins trois fois en une vingtaine de pages. Aucun doute, voilà un pantin qui pourra figurer au casting du prochain Die Hard.
Enfin, comme dans toute histoire d’amour tragique, le scénariste a deux options pour le dénouement de la saga : soit les amants meurent, soit ils vivent. Ici Téhy tombe dans l’écueil du scénariste qui ne veut pas choisir : on a donc droit à un Jam-qui-meurt-mais-vit-quand-même, et cette convulsion de l’intrigue convainc moyennement ...
Côté dessins, Franck Leclercq tente de reprendre le découpage original et très aéré de Béatrice Tillier : il y parvient à peu près, même si les pages qu’il compose sont assez confuses. En revanche le trait a perdu son côté éthéré et doux, pour devenir brut et épais. Un changement de style qui pourra en séduire certains, puisque ce dernier tome est bourré d’action et de rebondissements ... mais le trait de Béatrice Tillier (créditée ici au seul design) me semblait un cran au-dessus.
Trois ans après le tome précédent, on apprécie que Téhy clôture enfin cette saga. Même si ce Wolfgang Miyaké nous laisse un peu sur notre faim ...