À tombeau ouvert - La Colère de Fantômas, tome 3 par louielouie

A l’origine il y a l’œuvre de Pierre Souvestre et Marcel
Allain, deux romanciers français du début du 20è
siècle. Les deux hommes créèrent à cette période le
personnage de Fantomas : célèbre bandit de la culture
populaire, plus torturé qu’un Arsène Lupin et plus
imaginatif que Sherlock Holmes (son antithèse ?). Les
aventures de Fantomas étaient écrites sous formes de
romans feuilletons unanimement salués par la critique
littéraire de l’époque. En ce temps là, les Français
suivaient ardemment les aventures de ce gangster
masqué, aux intentions malfaisantes et à sa prodigieuse
malice. On suivait ainsi des intrigues improbables, des
courses poursuites effrénés et des policiers obnubilés
par un homme défiant les lois et la morale de son
temps.
Plus tard, on l’adapta en film dans les années 60 : Les
cinéphiles se rappelant de la face bleutée de Jean
Marais ainsi que de la performance ubuesque de Louis
De Funès. Et puis on oublia Fantomas. Rendu kitsh par
une nouvelle génération d’artistes, Fantomas s’exila et
ne parut plus, ses auteurs moururent et on entendit
plus parler de ce premier anti super-héros à la
Française.
Mais grand mal nous pris. Car aujourd’hui Fantomas
se réveille et prend une nouvelle forme. Sous les coups
de crayons géniaux de la Montréalaise Julie Rochelau,
c’est un Fantomas terriblement violent qui nous
revient cette fois ci en bande dessinée. Heureusement
le commissaire Juve veille. Dans un Paris se dirigeant
tout droit vers le 20è siècle, le fameux policier reprend
du service et tentera une nouvelle fois de mettre sous
les verrous ce brigand de grand chemin.
Vainqueur du prix BD « Interpol’art » 2013 la série «
La colère de Fantomas » s’achève en trois tomes. Trois
tomes de scénarios dignes des meilleurs romans
noirs, dans lesquels le suspens est parfaitement
maitrisé et où le rythme effréné des enquêtes policières
et des vols successifs de l’homme masqué attrape le
lecteur au vol et l’entraine dans un Paris Bel époque
superbement reconstitué. Les mouvements des
protagonistes sont fluides. En effet, Julie Rocheleau
vient du monde du dessin animé et cela se ressent dans
son trait. Sa maitrise du découpage et la cohérence
dont elle fait preuve en mettant l’emphase sur ce qui
est important dans sa case témoigne d’un grand savoir
faire. Visuellement le rendu est saisissant et décuple
les effets dramaturgiques du récit.
Alors prends garde à toi peuple de Paris car celui que
tu pensais être disparu est revenu. Oui, Fantomas est
de retour.
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