Agonie - La Mort de Staline, tome 1 par AGipsySpirit
Dès le début du livre, on est prévenu, bien qu’inspiré de faits réels, cette histoire reste une fiction dont la documentation a parfois été contradictoire. Toutefois, les auteurs rappellent qu’ils n’ont pas grandement eu besoin de leur imagination, étant incapables d’imaginer quelque chose d’équivalent à l’absurdité des personnages de cette histoire…
Diptyque sur la mort de Staline, ces bandes-dessinées nous font surtout découvrir l’envers du décor de la passation de pouvoir après le décès du dictateur et la lutte acharnée entre Lavrenti Beria et Nikita Khrouchtchev. J’aime assez les fictions politiques (non vous n’avez pas du tout remarqué…) et vu les critiques toutes élogieuses, je ne pouvais pas vraiment passer à côté, et j’ai plutôt bien fait! Dans une ambiance bouffée par la paranoïa, cette fiction sonne affreusement réaliste malgré toute une série de situations proches de l’absurde, ce qui est parfois drôle d’ailleurs sans le vouloir mais le plus souvent terrifiant par la folie stalinienne.
Les dessins sont très chouettes aussi! Un rien caricatural et géométrique, il n’en reste pas moins très expressif, particulièrement pour les visages. Les couleurs à tendance froide et la mise en scène font parfaitement ressentir l’ambiance, presque glauque et glaçante de l’époque. Pour venir contraster, il y a bien évidemment le rouge. Rouge sang, Rouge communiste, elle est symbolique du parti de Staline. Bien plus présente dans le tome 2 que le premier, et pour cause puisque le deuxième présente les funérailles du dictateur et qu’au contraire du quasi huis clos du premier tome, il contient bien plus de scènes d’extérieur. Les deux couvertures sont également magnifiques avec un soin particulier apporté au graphisme avec une typographie constructiviste ainsi qu’à la mise en page avec les plongées (l’image du dictateur) et contre-plongées (la mort de Staline, décadence de l’URSS).
Les deux tomes sont très rythmés, et avide de connaître la suite, je les ai dévoré l’un après l’autre. Certes, c’est assez court, ça se lit très bien, mais c’est largement moins complexe qu’un V for Vendetta qui il est vrai est beaucoup moins volumineux mais qui est surtout bien moins facile à apprivoiser et à lire. Quoi qu’il en soit, cette série m’a en tout cas donné envie d’en voir plus sur le travail de Nury & Robin.