V pour Vendetta par AGipsySpirit
Une guerre nucléaire éclate dans les années 80, les plus grandes puissances mondiales sont rayées de la carte alors que l’Angleterre est épargnée par les bombes mais en subit tout de même de graves conséquences environnementales et économiques. Dans cette dystopie souvent comparée à 1984 de George Orwell, le parti fasciste Norsefire a saisi l’opportunité d’une population traumatisée pour s’emparer du pouvoir. Le contrôle du parti sur le pays est total lorsqu’un anarchiste-terroriste, « V », se lance dans une vengeance meurtrière. Sur ce chemin, il rencontre Evey, jeune fille orpheline de 16 ans qu’il sauve d’un viol et d’une mort certaine.
À peine moins complexe que Watchmen, il demande tout autant d’attention, car non, une fois de plus, Alan Moore ne vous laisse pas de répit. Il faut dire que les dessins de David Lloyd n’aident pas vraiment non plus. Hyper contrasté, jouant à l’extrême sur les ombres ou les lumières, coloré de jaune-vert-bleu fades et presque pastels , il est de plus caractérisé par des personnages fort ressemblant, ce qui dans une histoire aussi riche (tant par le nombre de personnages que d’intrigues) pose vraiment un gros souci de compréhension. C’est d’ailleurs la principale raison pour que V for Vendetta n’obtienne pas la note maximale.
L’Angleterre se retrouve sous l’emprise d’un parti fasciste, le Norsefire qui, pour prétendre ramener l’ordre et purifier le pays, a persécuté les minorités pour asseoir son pouvoir et se débarrasser de ces ennemis. Minorités ethniques et religieuses ainsi les homosexuels et les opposants politiques sont envoyés dans des camps de concentration. Ils ont également pris le pouvoir sur l’église et les médias pour accroitre leur influence et soumettre le peuple ainsi que par l’utilisation la vidéo-surveillance. Le Norsefire élimine également toute culture, ayant la main mise totale sur l’esprit de la population et refusant toute liberté, qu’elle soit intellectuelle ou politique.
D’autres thèmes chers à Moore ont une importance capitale, à savoir l’anarchisme et la recherche d’identité qu’il exprime par le personnage de V. Anarchiste et terroriste, V est doté d’un génie tactique puisqu’il met sur pied un plan qui non seulement va lui permettre de se venger, il a été l’un des prisonniers des camps, mais aussi de réduire à néant le pouvoir fasciste. Comme pour Watchmen, Moore utilise beaucoup la symbolique, V dit de lui-même qu’il est une idée, une idée symbolisée par le masque de Guy Fawkes, célèbre membre de la conspiration des poudres, et qu’il va, en détruisant les symboles du régime et de l’Angleterre, insufflé aux londoniens. Là où dans Watchmen remettait le statut de super-héros en question avec des personnages loin d’être sans reproches, ici, il joue sur l’ambiguïté de V. A-t-il raison ou tort? Est-ce un fou ou un génie? Moore nous fait nous interroger sur le personnage et ses méthodes. V est également un manipulateur qui ne va pas hésiter à utiliser de ses tours sur la jeune Evey. Au cours de son « voyage » initiatique, elle va vivre, souvent subir, tour à tour sécurité, abandon, peur et séquestration par des sévices qu’il a lui-même vécus afin qu’elle accepte sa propre liberté.
Difficile de parler du comic book sans évoquer le film de James McTeigue sorti en 2006. Le film se détache, comme souvent pour les adaptations, de plusieurs différences au niveau du scénario mais aussi sur l’ambiguïté sur suscite le personnage masqué dans l’oeuvre d’Alan Moore mais beaucoup moins dans le film où le côté antihéros est bien moins prononcé.