Air Gear
6.1
Air Gear

Manga de Oh! Great (2002)

Tu sais ce qui arrive quand on tombe de si haut ?

Mon avis final d'Air Gear est atrocement mitigé. D'un côté, il y a un concept novateur et une narration impeccable. De l'autre, on a un scénario proche du nanar, des incohérences lourdes, et des explications qui se la jouent scientifique mais qui ne font que plomber le récit.

Air Gear est parti de très haut dans mon estime. Lors des dix premiers tomes, sur lesquels je m'étais arrêté pendant plusieurs années avant de reprendre récemment ce manga, j'ai découvert un univers urbain et déjanté. Les personnages étaient tous plus loufoques les uns que les autres, mais on ne se posait aucune question - tout était recouvert d'une douce couche de sucre et de déconne, qu'on déguste tranquillement au fil des aventures des héros. Et tout allait bien dans le meilleur des mondes ! Je m'étais dit qu'avec un semblant de fil directeur (donc un antagoniste ou une opposition quelle qu'elle soit au gang principal), ce shonen avait suffisamment de cartes en main pour me satisfaire.

Mais au lieu de conserver ses acquis et de s'en servir comme atouts, les prises de risques se sont enchaînées. Mêler un manga de sport (certes fantastique) à une intrigue politique ? Le pari était - trop - risqué, et le résultat, en conséquence, minable. On commence à se perdre dans les divers éléments de l'univers qui se la joue science-fiction sans l'assumer, jusqu'à complètement perdre le fil et, fatidiquement, décrocher. Ce qui m'a poussé à continuer et finir ce manga, c'étaient les aventures du gang - pour finalement se rendre compte qu'en tant que lecteur, on était un âne qui cherchait à manger une carotte qui n'était même plus sur le bout de son nez. Le manga commence à se prendre au sérieux à un point où ça en devient douloureux, et ça ne peut pas coïncider avec les attentes du lecteur tant les incohérences et les lourdeurs nanardesques s’attroupent les unes après les autres.
Bien sûr qu'il y a moyen de faire virer un univers purement loufoque en quelque chose de très sérieux. Plusieurs œuvres me l'ont déjà montré. Mais Air Gear n'a vraiment pas pris le virage - il s'est juste éclaté contre un mur.

Ajoutons à cela des éléments qui ralentissent complètement le rythme de lecture, comme les schémas de physique et d'SVT (que l'auteur s'est sans doute beaucoup amusé à réaliser), et on a un lecteur complètement paumé. Passé un certain point, je ne lisais qu'à moitié ces fameuses pseudo-explications, qui pour certaines, s'avéraient mal documentées et fausses. On aurait vraiment cru lire un gamin tenter de justifier un élément de sa dissertation à coup de « mais euuuh même que si, d'abord ! », et ce fut exaspérant à supporter.
On ne manquera pas non plus de mentionner la gratuité du fanservice à tous les étages : un personnage féminin ? Une paire de seins de plus à dévoiler ! Oui, ça ne change rien de beaucoup d'autres shonen, sauf que là, on va plus loin : il y a même des éléments du scénario qui justifient de voir des femelles en tenue d'Eve ! (Je pense évidemment à la Tool Toul To.)

Mais Air Gear réussit à ne pas trop rater sa chute. Il faut le dire, son style de dessin et sa mise en scène jouent énormément en sa faveur. Malgré le fait qu'on n'arrive plus à suivre le rythme des combats tant ceux-ci sont aussi abusés en explosions et en surenchère qu'un film de Michael Bay, on se prend tout de même à agréablement savourer chaque page, grâce au style très propre et soigné d'Oh!Great. De ce côté-là, il faut avouer qu'il n'a pas bâclé son travail : tramage impeccable, découpe à la fois originale et lisible, narration claire et dessin maîtrisé en tout points, des personnages jusqu'aux décors en passant par les éléments fantaisistes qu'il rajoute pour illustrer les « personæ » des héros.

Le concept novateur du manga fait également sa force, et pour ce qui est de la première dizaine de tomes, on tient un presque sans-faute. Dommage qu'Air Gear n'ait pas respecté la recette ; on aurait pu avoir un bon petit plat fait maison, et à la place, on a une bouillie cramée et infecte.
Je recommande quand même un petit détour sur ce manga, mais ne vous infligez pas ce qui va au-delà du tome 15.
Yuan
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le 6 févr. 2014

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Yuan

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