Que dire, que dire. J'ai tellement de choses à reprocher à ce pavé monumental d'incohérence qu'est ce livre... Parce que franchement, moi qui m'attendais à un truc sympathique et bien rédigé (pour une édition aussi somptueuse), j'ai eu droit à un étron incroyable.
On va tenter de débuter par les points positifs... Le livre est beau. Bon, ma copie ne l'est plus, parce qu'elle est maintenant très abîmée (pourtant, j'ai fait preuve d'une vigilence particulière à l'égard de ce livre et la seule fois où il s'est vu un peu maltraité était simplement parce que je l'avais mis dans mon sac). Et en dehors de cela, la rédaction est passable (pas bonne, pas dégueue, passable).
Malheureusement, c'est ici que s'arrêtent les points positifs. Eh oui, ce n'est qu'en apparence que ce livre parait intéressant.
Bon, je suis sans doute un peu mauvaise langue, là. Il y a d'autres qualités à citer, notamment le fait que l'auteur ait mené des recherches pour conclure cette chronique. D'ailleurs, il cite plusieurs jeux vidéo et œuvres dont je n'avais jusqu'alors pas entendu parler, ce qui est agréable puisque ça me permet de découvrir de nouvelles choses. Mais là où on commence à tomber dans la panoplie de défauts de ce bouquin, c'est que ces références sont utilisées à tort et à travers, et que l'auteur abuse d'exemples inutiles pour renforcer ses arguments déjà bancals.
Ça commence tout en douceur en faisant une fiche détaillée pour chaque épisode. On se dit que ça commence plutôt bien : on a ce qu'on cherche dans une chronique de ce genre, c'est à dire les anecdotes de développement, quelques petits détails intéressants à évoquer, etc... (Avec quelques erreurs tout de même, parce que voir 5-6 pages parler de RPGs de l'époque alors que Zelda n'avait pas vocation d'en être un, bof.) Mais ça se transforme bien vite en théories tirées par les cheveux et autres avis personnels inintéressants. L'opinion de l'auteur est extrêmement prononcée pour un essai qui se veut être une chronique - certains épisodes sont adulés, d'autres passés sous silence. On voit clairement un avis personnel se prononcer au fil de la lecture, et c'est d'autant plus dommage que c'est ce qui est déterminant de l'importance accordée (en quantité et qualité de travail) à chaque épisode : 3 petites pages pour The Minish Cap, qui ont des airs de remplissage et n'apprennent rien à personne. Beaucoup de choses n'ont pas été évoquées, et on dirait même que ce titre, avec les deux Oracle, passe à la trappe (les seuls titres Capcom, tiens, fanboyisme Nintendal ?).
Là où j'ai trouvé le fanboyisme aberrant, c'est quand il s'agissait d'évoquer Four Swords (Adventure) et Link's Crossbow Training. D'après l'auteur de ce bouquin, Four Swords Adventure ne serait qu'un jeu fait pour promouvoir le câble GBA-GC. Du coup, pas la peine de lui accorder plus de quatre misérables pages. Ça donne des airs bâclé et c'est dommage. Et ça prend une ampleur ridicule quand Link's Crossbow Training est abordé. Pour moi comme pour beaucoup d'autres joueurs, il ne s'agit là que d'un titre fait pour habituer le joueur au Wii Zapper. Rien de bien méchant. Mais non, pour l'auteur (je cite), « c'est la deuxième fois que l 'éditeur porte ainsi atteinte à la dimension "sacrée" de la saga par cette forme de détournement strictement commercial ». Oui, sauf que Zelda n'est pas une affaire de religion, et ce n'est pas comme si toutes les grandes licences n'avaient pas eu droit à leurs épisodes en coup de marketing.
On notera quelques détails ici et là qui m'ont fait plisser les yeux ; notamment, l'éloge faite des titres comme Phantom Hourglass et Spirit Tracks alors que d'autres bien plus intéressants passent à la trappe (et je les ai déjà mentionnés, il s'agit de Minish Cap et Four Swords Adventure), ou encore la rédaction désastreuse de la partie dédiée à SoulCalibur II (qui disait entre autres que « Link n'est ni comme Siegfried ni comme Talim » : ok super...).
L'auteur a aussi des opinions trop tranchées sur les musiques orchestrales, surtout quand il évoque la bande son de Twilight Princess et dit qu'il trouve dommage le fait qu'elle n'est pas complètement orchestrée (sachant qu'il la juge moyenne à cause de ça).
Et tant qu'à faire, autant mentionner que ce livre spoil la fin de Metal Gear Solid 2... Oui, MGS2, dans un livre dédié à Zelda.
Mais bon, passons, je chipote un peu direz-vous.
Là où ce truc est vraiment une abomination, c'est dans ses parties finales, notamment celle dédiée à l'analyse du Link d'Ocarina of Time. L'auteur se répète d'innombrables fois et c'est rédigé vraiment aussi mal que mes dissertations de philo (et ça craint vue que je suis une brêle en philo). On dirait grossièrement un pavé écrit pour une chronique de Game Theory. Dire que le saphir zora représente la virginité de Ruto et que la Master Sword est un symbole phallique, c'est peut-être rigolo, mais c'est une interprétation bien trop freudienne d'une œuvre qui n'a même pas vocation à l'être. C'est à se demander si l'auteur de cette section a joué au jeu dont il parle. Le pire reste encore la rédaction grouillante d'analogies beaucoup trop hors-sujet à chaque tentative de théorie. Ç'a été un véritable supplice à lire pour moi, et j'ai plusieurs fois voulu arrêter en cours de route.
Ajoutons à cela que ce pavé monstrueux est même pas foutu de répondre à sa problématique (qu'est-ce qui fait de Link un héros ?). Parce qu'aux dernières nouvelles, être un humain (la conclusion étant bien « Link est humain comme nous ») ne signifie pas qu'on est un héros.
En bref, voilà une chronique qui n'est jolie que par sa couverture. Contentez-vous de le garder sur votre étagère pour faire joli, ou mieux, de ne pas perdre votre temps dessus.