Attaque de vilain > échec des héros > mise au point > victoire des héros. Ressassé à l'envie, le schéma classique du comics a permis l'éclosion de centaines d'histoires formidables. Bendis n'est pas le dernier a avoir usé de ce stratagème vieux comme mes robes, et il en est conscient. Et c'est en empruntant un autre stratagème (le comics façon polar noir, cf. son formidable Powers) qu'il se libère du poids des conventions dans "Alias" et nous faire voir le Marvel World avec un oeil neuf, par le petit bout de la lorgnette. Que se passe-t-il quand on a des pouvoirs, mais pas la carrure pour devenir Captain America? Que devient un membre des Vengeurs quand il est gentiment mis à la porte?
En plus de ses pouvoirs, Jessica Jones a un amour assez immodéré pour l'alcool. Cent-dix-huitième couteau des Avengers, elle a raccroché les collants pour devenir détective privée et regarder sa vie depuis le fossé. En 600 pages, la maxi-série développe un personnage, l'ancre dans le Marvel World (formidables échos au Daredevil de Bendis-Maleev d'ailleurs) et redonne du piquant à Luke Cage (plan cul et plus si affinitées) et Miss Marvel (plan picole, façon meilleure amie qu'on peut plus encadrer).
Pour conclure cette série "réaliste", Bendis fait sauter le quatrième mur par l'intermédiaire du Pourpoint pourpre qui menace Jessica en s'adressant directement au lecteur. Curieux, mais ça s'inscrit plutôt bien dans son effort de réinventer le regard sur l'univers Marvel.