All-Star Superman par Pierre Rapeau
Superman, c’est le personnage emblématique qui fait chier en comics. Les meilleurs scénaristes de comics s’y frottent, mais difficile d’en faire quelque chose de marquant alors qu’il représente à lui-seul le mythe du sauveur à cape. Trop dur à traiter : un mec aussi costaud tu lui met quoi en face pour que ça devienne intéressant ?
Reste une version que j’ai lu il y a déjà un bout de temps : celle de Grant Morrison et Frank Quitely : All-Star Superman. All-Star, c’était la collection de DC Comics pour concurrencer l’idée de l’univers Ultimate chez le voisin d’en face : des histoires pour des personnages emblématiques dénuées de toute notion de continuité. Les auteurs sont censés y aller à fond dans ce qu’ils savent faire et … c’est ce qui se passera. Sur All Star Batman and The Boy Wonder par Frank Miller, Batman sera plus fasciste que jamais en tuant les flics véreux et foutant des torgnoles au pauvre Robin : la série sera unanimement critiquée et jamais complètement achevée (à ce jour).
Morrison lui, fait ce qu’il sait faire de mieux : de grandes choses. Je ne suis pas fan de l’auteur car il est souvent très dur à suivre (mettez son Batman RIP entre les mains d’un mec qui veut découvrir les comics et Batman: vous l’enverrez directement à l’asile) mais sur All Star Superman il livre un de ses plus beaux et accessible travail.
Superman est blessé suite à une manigance de Lex Luthor : son temps lui est compté. Entre réflexion sur les pouvoirs du sur-homme, nostalgie et recul sur son histoire c’est une oeuvre poétique qui est transmise au lecteur. Rarement le personnage n’a été aussi justement défini et de façon aussi intemporel : Morisson réussit ce que Nolan a foiré avec son dernier opus au ciné de la trilogie Batman (The Dark Knight Rises) : il a compris l’essence du personnage, s’y est plié, en a fait quelque chose de cohérent (là où Nolan a plié Batman à sa volonté pour en faire une sorte de… Superman (!) ). Jamais l’homme d’acier n’a été aussi beau, et les dessins de Frank Quitely y sont pour quelque chose : les planches sont détaillées, soignées et les designs sont assez uniques (voir étonnant !) pour ne pas confiner cette histoire aux années 2000 mais la laisser comme une empreinte intemporelle, indémodable.
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