Allegretto Deprimoso par YvesChoisy
Il fut un temps, encore récent et déjà regretté, où j'étais abonné à Fluide Glacial.
Je me délectais de l'humour noir et/ou potachon-licencieux qu'on trouvait dans ce célèbre magazine de bandessinées (et d'umour évidemment) fondé par Gotlib.
Même si, en comparant les nouveaux numéros avec les anciens - surtout ceux en noir et blanc - l'apothéose de ce mensuel était visiblement passée, Fluide Glacial se maintenait alors à un niveau honorable grâce à des auteurs tels que Relom, Thiriet, Larcenet ou Bouzard.
J'ai également pu y observer les apparitions de nouveaux auteurs tels que Julien Solé, Mo/CDM, Riad Sattouf...
Mais le meilleur, celui qui m'avait le plus enthousiasmé, c'était Romain Dutreix et ses bribes d'Allegretto Deprimoso qu'il lâchait d'une façon que je jugeais - avide lecteur que j'étais - trop parcimonieuse et épisodique.
Et quel fut mon désarroi en apprenant la disparition de mon numéro qui contenait l'histoire de Blind Orphan Alcoholic Joe !
Je l'avais prêté à une amie... je m'en suis mordu les doigts.
En amateur de blues et d'humour noir, j'ai été ravi de pouvoir la retrouver dans l'album d'Allegretto Deprimoso, et parmi toutes celles qu'il contient, c'est celle que je préfère.
Outre les tribulations d'un bluesman à qui un cynique impressario en quête du succès inflige tour à tour de nouvelles infirmités, Allegretto Deprimoso propose le destin tragique d'un violoniste tyrolien persécuté dans son village pour son manque de talent ou les cours de musique traditionnelle d'un professeur japonais trop exigeant assisté d'un robot mi-acupuncteur mi-bourreau (référence cocasse au professeur Sato de Blake et Mortimer), et une dizaine d'autres histoires d'humour noir sur le thème de la musique.
L'album s'achève sur une Histoire du monde farfelue, de sa création à son anéantissement, où l'évolution et les grands bouleversements historiques sont expliqués par la création et l'éternelle présence à travers les âges d'un être insupportable : le chanteur de chanson française.
Pour terminer cette critique trop descriptive par une note appréciative que certains jugeront par trop superlative (et je m'arrêterai là avec les rimes en Yves), je déclare haut et fort qu'Allegretto Deprimoso est ce que j'ai eu l'occasion de lire de mieux en matière d'umour noir bandessiné depuis les Idées Noires de Franquin.
Ouais.
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