Angola, deuxième tome des aventures de Tyler Cross, c’est un peu comme si un polar des années 50 s’infiltrait dans une prison glauque avec un flingue et un cigare : sombre, nerveux, et incroyablement stylé. Fabien Nury et Brüno livrent ici un récit coup de poing, où chaque case respire la tension et chaque dialogue transpire la noirceur.
Cette fois, Tyler Cross n’est pas seulement le braqueur cool et méthodique qu’on connaît. Il est un homme pris au piège dans la prison d’Angola, un enfer sur Terre où les gardiens sont pires que les détenus. L’ambiance est suffocante, les alliances précaires, et les ennemis omniprésents. Mais Tyler ne se contente pas de survivre : il observe, il calcule, et il prépare son échappatoire, parce qu’un gars comme lui ne reste jamais à terre bien longtemps.
Fabien Nury, fidèle à son écriture acérée, joue sur les codes du genre pour les sublimer. L’histoire avance à la vitesse d’une balle tirée à bout portant, avec une construction implacable et des dialogues ciselés qui font mouche à chaque réplique. Mais ce n’est pas seulement un récit de vengeance ou de survie : Angola est aussi une plongée dans un système corrompu, où les rôles de victime et de bourreau se brouillent dans une jungle carcérale impitoyable.
Graphiquement, Brüno frappe encore plus fort que dans le premier tome. Son style épuré, presque minimaliste, capte l’essence de chaque scène sans fioritures inutiles. Les cadrages sont cinématographiques, les couleurs limitées mais d’une puissance évocatrice redoutable. Chaque planche respire l’oppression, et chaque silhouette semble prête à exploser sous la pression.
Ce qui distingue vraiment Angola, c’est son anti-héros. Tyler Cross est fascinant : froid, calculateur, et implacable, mais avec juste ce qu’il faut d’humanité pour qu’on continue de le suivre, même dans ses actes les plus discutables. Il n’est pas là pour plaire, il est là pour survivre, et c’est exactement ce qui le rend si captivant.
Si on voulait chipoter, on pourrait dire que Angola reste très ancré dans les codes du polar classique, sans vraiment les transcender. Mais est-ce qu’on en a besoin quand c’est exécuté avec une telle maîtrise ? Pas vraiment.
En résumé : Angola est un bijou noir, un polar brutal et impeccablement raconté, où chaque page te serre la gorge et te coupe le souffle. Fabien Nury et Brüno confirment qu’ils sont les nouveaux parrains du genre, avec une œuvre aussi élégante que brutale. Tyler Cross ne se contente pas de frapper fort : il frappe juste, et tu redemandes encore.