Aposimz, la planète des marionnettes marque une nouvelle évolution dans le style de son auteur Tsitomu Nihei. Cet auteur a commencé sa carrière avec l'immense Blame, œuvre d'une noirceur absolue, plongeant le lecteur dans 10 tomes de sciences fictions violent et nébuleux aussi passionnant que difficile a aborder. La suite de la carrière de Nihei est passionnante mais marque une constante évolution vers des œuvres plus classiques, consensuelle, ouvertes au grand public.
On retrouve avec Aposimz l'univers de science fiction sombre et impitoyable de l'auteur mais sous un jour plus abordable et narré de manière nettement plus classique.
La planète artificielle d'Aposimz est recouverte de neige, les profondeurs de la planète forment une immense entité mécanique, mystérieuse et inaccessible. Le lecteur est amené à suivre un petit groupe de personnes survivant en marge d'un empire ressemblant à celui que l'on trouve dans les anciens Stars Wars. L'humanité est touchée par une étrange épidémie, transformant petit à petit les populations en marionnettes ne ressentant et ne faisant plus rien. Certaines personnes deviennent cependant des marionnettes régulières c'est à dire des êtres surpuissants et difficile a tuer (ressemblant aux gaunas et à leur omnios dans Abara et Knight of Sidonia du même auteur). Les combats entre marionnettes régulières vont rapidement devenir récurent dans le récit.
Il faut ajouter à cela une mystérieuse automate œuvrant contre l'empire et provenant des profondeurs de la planètes.
Lorsque l'on connaît la carrière de l'auteur, il est surprenant de voir autant de dialogue, d’enchaînement de combat et une narration aussi simple et classique. Une épidémie, une entité mystérieuse, un empire, des rebelles, des combats avec une montée en puissance.. Malgré l'originalité de l'univers et son traitement implacable, difficile de trouver beaucoup d'originalité dans le récit comme dans son traitement.
Pourtant, la lecture fonctionne et se révèle très divertissante. Le dessin est le gros point fort du manga. L'univers tout de blanc, la force visuelle du récit et le sublime de dessin de Nihei rendent la lecture d'Aposimz passionnante pour les yeux. Si Aposimz est le pendant blanc de Blame, l'auteur trouve l'équilibre parfait entre aplats de blancs et une minutie dans les détails, les décors et les vêtements donnant un grand impact visuel à l’œuvre. Je regrette juste des personnages féminins qui ont trop souvent un visage de poupée.
Heureusement, malgré son coté parfois trop lisse, l’œuvre dégage une vraie noirceur et Nihei ne ménage pas ses lecteurs en les plongeant dans un univers où les personnages meurent et où tout n'est pas si facile à comprendre.
Aposimz est après trois tomes un récit remplie d'une action classique mais passionnante et recelant encore de pas mal de mystère. Si le titre a un gros potentiel, l'impression de déjà vu du à un traitement trop classique et grand public de l'histoire risque sur le long terme de gâcher le potentiel de l’œuvre.
En attendant une confirmation négative ou positive du manga, Aposimz est pour le manga une bonne lecture de sf d'un auteur décidément à part.
à lire ne serait-ce que pour le dessin et l'univers développé par Nihei.