Saluons aujourd’hui la belle initiative de Vertigo qui réédite de fort belle manière un excellent épisode de Batman : Arkahm Asylum. Dans cet épisode, le chevalier noir est aux prises avec les plus grands dégénérés de Gotham dans un asile psychiatrique aux cellules ouvertes.
Piégé par le joker, l’homme chauve-souris devra entrer dans cette sorte de prison pour malades mentaux inadaptés à la société afin de libérer une jeune fille que le Joker menace d’assassiner.
Après un point de départ des plus classiques, on se rend vite compte que la trame principale passe au second plan. En effet, nous avons ici affaire au cœur même de ce qui constitue le personnage de Batman. Un antihéros décidant de mener une vie de combattant du mal basant sur un désir de vengeance absolument terrible. Cet asile devient ainsi une représentation mentale hallucinée de l’égo de du justicier, c’est une plongée dans les méandres de la psychologie d’un personnage hyper complexe, c’est une chute dans l’enfer des contradictions d’un homme ou d’un personnage qui se cherche, qui se confronte et qui tente de s’en sortir.
Dans un espace où le bien et le mal se confondent, où les anciens démons refont surface et où la progression scénaristique se fait de façon symbolique, difficile de ne pas penser à un Alice aux pays des merveilles version trash. Une vision de l’œuvre qui, finalement, devient elle-même miroir déformant de nos sociétés. Batman confronté à ses contradictions, c’est nous-mêmes aux prises avec des recoins de notre esprit et de notre contrat social que l’on interroge et que l’on va questionner. C’est aller voir notre propre part d’ombre, c’est aller voir ce qui est tapi dans le noir.
Dave McKean, en véritable orfèvre, donne vie à ces lieux de perdition en mélangeant des collages de photos et des peintures brutes. On est happé et l’on plonge avec Batman dans un album unique idéal pour les novices. Les puristes, quand à eux, l’auront certainement déjà lu.
Cette réédition s’accompagne en plus d’un trésor pour scénariste en herbe. Le scénario découpé par séquences annotées par Grant Morrison est un bijou de complexité et de travail méthodique. En parcourant cela, on a l’impression de rentrer dans le secret des dieux et l’on mesure encore plus l’intelligence et le savoir faire d’auteurs travaillant pour rendre cohérent tout cet ensemble de cases et de textes.