Avec Astérix chez les Bretons (1966), René Goscinny et Albert Uderzo offrent un voyage hilarant et so british dans une contrée où l’on boit du thé, même en pleine guerre, et où la politesse résiste autant que les Bretons eux-mêmes. Cet album est un bijou de comédie culturelle, où les clichés se transforment en armes humoristiques aussi puissantes que les baffes d’Obélix.
Tout commence lorsque Jules César décide de s’attaquer à la Britannia. Mais les Bretons, malgré leur flegme légendaire et leur étrange façon de tout manger avec de la sauce à la menthe, résistent courageusement. Un chef breton, Jolitorax (cousin éloigné d’Astérix), fait appel à nos irréductibles Gaulois pour l’aider à renverser la vapeur avec une cargaison de potion magique. Ce qui suit est une course effrénée à travers des paysages brumeux, ponctuée d’éclats de rire, de chariots volants, et d’une pluie qui ne s’arrête jamais.
Astérix, en bon stratège, reste le cerveau du duo, tandis qu’Obélix, fidèle à lui-même, apporte la force brute et un appétit insatiable pour les spécialités locales... même si la sauce à la menthe lui semble un peu étrange. Leur dynamique classique est magnifiée par leurs interactions avec Jolitorax, modèle parfait du gentleman breton : courtois, stoïque, et prêt à tout pour son peuple.
Les Bretons, caricaturés avec amour, sont les véritables stars de cet album. Goscinny et Uderzo s’amusent à exagérer chaque stéréotype : l’obsession du thé, la langue aux tournures alambiquées, et l’incroyable capacité à rester imperturbable, même en pleine invasion. Le contraste entre leur flegme et l’énergie débordante des Gaulois crée des situations comiques irrésistibles.
Visuellement, Uderzo excelle à représenter la Britannia sous un jour à la fois réaliste et comique. Les scènes de Londres (ou "Londinium") regorgent de détails, tandis que les paysages brumeux et pluvieux ajoutent une ambiance typiquement britannique. Les expressions des personnages, qu’il s’agisse de la perplexité d’Obélix ou du flegme inébranlable de Jolitorax, renforcent encore l’impact des gags.
Les dialogues de Goscinny, comme toujours, brillent par leur finesse et leur humour. Les tournures anglaises maladroitement traduites en français, les jeux de mots subtils, et les clins d’œil culturels parsèment l’album, offrant plusieurs niveaux de lecture. L’invention du rugby, dans une scène hilarante où un tonneau de potion magique devient un ballon, est un moment culte qui illustre parfaitement leur sens de la dérision.
Narrativement, l’intrigue est rythmée et fluide, alternant entre action, comédie, et moments de tension. Le voyage d’Astérix et Obélix à travers la Britannia est une succession de péripéties captivantes, où chaque arrêt est une excuse pour un nouveau gag ou une nouvelle confrontation avec les Romains.
En résumé, Astérix chez les Bretons est une aventure délicieusement absurde et pleine de charme, où Goscinny et Uderzo démontrent leur maîtrise de l’humour et de la satire culturelle. Entre les baffes gauloises et le thé britannique, cet album est une célébration des différences et des amitiés improbables. Un classique intemporel, où même les Romains apprennent qu’il vaut mieux éviter de bousculer l’heure du thé.