Le tandem Didier Conrad et Jean-Yves Ferri a pris la relève d'Albert Uderzo après le douloureux et regrettable Le Ciel Lui Tombe Sur La Tête, le père originel avec René Goscinny se trouvant aussi diminué avec l'âge, ses mains ne pouvant plus assurer de dessiner convenablement mais disposant tout de même du droit de regard sur le travail de ses successeurs.
Nos deux irréductibles gaulois s'en vont retourner sur l'île britannique, non pas pour revoir le cousin Jolitorax, mais d'aider plus au nord un guerrier picte trouvé échoué dans un bloc de glace sur leur plage afin de contrecarrer les plans d'un chef de clan véreux (un genre de Moralélastix et d'Acidenitrix) allié aux romains en vue d'asseoir son pouvoir.
Les calembours vont bon train en rapport à la culture écossaise mais sont peut-être trop téléguidés, autant que les noms des pictes ; le cœur d'enfant amoindri à l'intérieur de mon thorax d'adulte étant peut-être la cause du sentiment moyennement satisfait vis à vis de ce trente cinquième tome. Cependant, quelques gags font mouche comme la bévue de rechercher la gourde (de potion magique) et l'épouse promise du guerrier picte alors en captivité chez l'ennemi.
L'aventure, dans le pays qui sera cher à William Wallace qui fera face à l'envahisseur anglais au 11ème siècle après Jésus Christ, est plutôt sympathique. Obélix aime s'amuser autant que bien manger (le saumon, c'est meilleur que le sanglier à la menthe) mais Astérix veille sur son ami "enveloppé" en tant que garde-fou.
La venue d'un recenseur romain dans le village gaulois semble décalée, ce village gaulois justement qui résiste encore et toujours à la puissance de Rome. C'est bizarre car le personnage ne semble pas avoir sa place dans ce tome. Mais on se rend compte plus tard dans la lecture que le fonctionnaire qui peine à recenser a un frère dans la garnison romaine en mission sur les terres calédoniennes.
Astérix Chez Les Pictes est une reprise plaisante d'une des BD populaires sans pour autant emballer comme cela pouvait être souhaité, celui qui admirait dans sa jeunesse les périples périlleux et gastronomiques de nos tantôt sédentaires et tantôt globe-trotters celtes ripailleurs et bagarreurs.
Il est évident que d'avoir pris le relais d'Albert Uderzo n'est pas une mince affaire. Aussi est-il à souhaiter au nouveau tandem que de s'améliorer par la suite.