Astérix en Hispanie ou l'album dont on aurait dû avoir une adaptation au cinéma par Gérard Jugnot avec un scénario fidèle à la BD. Ainsi, ce film aurait probablement été un succès en salles et relancé Astérix sur la voie des bons films.
Malheureusement, quand Uderzo eût vent du projet, il le fit presque immédiatement annuler préférant le projet d'une pathétique adaptation de Astérix aux Jeux Olympiques qui massacra l'album de base.
Il fallait croire que le dessinateur d'Astérix était incapable de comprendre qu'une telle occasion à saisir aurait peut-être permit au gaulois à la gourde et au glaive d'avoir une meilleure réputation sur grand écran Astérix en Hispanie étant l'un des meilleurs albums de notre gaulois préféré.
Parlons-en plus en détails. Que raconte cette aventure?
Les Romains ont conquis l'Hispanie (nom antique de l'Espagne) mais un petit village refuse de se soumettre aux Romains. César décide alors de faire enlever le fils du chef dudit village et de l'envoyer en Gaule afin de transformer l'enfant en Hispano-Romain pour déshonorer le village dissident.
Pas de chance pour les Romains, l'enfant, nommé Périclès et surnommé Pépé, est un véritable petit pesteux les rendant fous et parvient à leur échapper. Heureusement pour lui, il tombe sur notre héros et son ami enveloppé qui tentent de le ramener dans son pays.
À chaque lecture de Astérix en Hispanie, on en déduit que le mot "hilarant" a été inventé pour cet album. Que ce soit au niveau des prénoms en jeux de mots, tels que Soupalognon y Crouton, Dansonsurlepon y davignon ou encore celui des gags avec l'enfant insupportable retenant sa respiration à chaque contrariété, habitude devenant contagieuse envers ceux que le petit croise sur son chemin.
Mais rien ne sera plus culte que le fameux "Olé homme! Olé!"
Cependant, le plus drôle reste la visite de l'Hispanie avec les touristes bloqués sur la route tentant de se dépasser les uns, les autres, les habitudes du pays tantôt appréciées par nos héros...
...(au point qu'Obélix prend goût à chanter les chansons du pays)...
...tantôt agaçantes à leurs yeux...
...(veiller tard au point d'être très fatigués le matin).
En dehors des gags, il y a également des références sympathiques comme l'Opéra Carmen de Bizet durant le combat final dans une arène où Astérix invente la tauromachie devant une foule criant "Olé!".
De plus, il n'y a pas que de l'humour dans cet album. Au fil des pages, on voit un attachement prendre vie entre Astérix, Obélix et Pépé sans oublier le fait que ce dernier se prend d'affection pour Idéfix.
Cela au point que lorsque le moment des adieux arrive, les trois personnages versent des petites larmes; deuxième histoire où Astérix pleure depuis Astérix et le Chaudron.
En effet, si l'enfant est un turbulent capricieux avec lequel "[On ne va] pas rigoler tous les jours.", il a à la fois la dignité d'un guerrier et la naïveté d'un être juvénile duquel il faut prendre soin car est à peine conscient de la gravité de la situation qu'il subit.
En dehors de l'histoire, Astérix en Hispanie se démarque visuellement de ses prédécesseurs ainsi que des albums allant suivre par la suite. En effet, cet album est probablement, avec Astérix en Corse, celui avec le plus de couleurs chaudes reflétant le dynamisme et la joie du pays visité par les héros. Le trait, quant à lui, est soigné et lisse comme d'habitude.
Néanmoins, malgré le fait que l'album soit majoritairement réussi, l'histoire a un énorme défaut. En effet, si César veut imprégner le petit hispanique de la "culture latine", pourquoi l'envoie-t-il spécifiquement dans un camp romain près du village des irréductibles résistant encore et toujours à l'envahisseur?
Soit César est un abruti, soit cet acte est une facilité scénaristique trop évidente pour en faire abstraction.
Néanmoins, Astérix en Hispanie est un excellent album jouissif qui aurait bien mérité son adaptation au cinéma n'ayant jamais dépassé le stade du projet.
C'est vraiment triste que cela ne se soit pas fait et il n'y a plus qu'à espérer qu'un jour, une autre adaptation de cette histoire faite avec des efforts dignes de ceux de Astérix et Obélix-Mission Cléopâtre et/ou Astérix-Le Domaine des Dieux sorte un jour et que cette critique devienne désuète avec le temps.
(Re)lisez cet album et gardez espoir, par Toutatis!