Avec Astérix et Cléopâtre (1965), René Goscinny et Albert Uderzo nous embarquent dans une aventure fastueuse et hilarante, où l’Égypte antique devient le terrain de jeu des irréductibles Gaulois. Entre les pyramides, les Sphinx, et une Cléopâtre aussi majestueuse qu’explosive, cet album est un véritable festin visuel et comique, où même Jules César finit par regretter d’avoir parié sur l’échec.
Tout commence avec un défi entre Cléopâtre, la reine au nez aussi célèbre que son tempérament, et Jules César. Pour prouver la grandeur de son peuple, Cléopâtre promet de construire un palais en un temps record. Elle confie cette mission impossible à l’architecte Numérobis, qui, voyant la tâche titanesque, décide de faire appel à ses vieux amis : Astérix, Obélix, et leur potion magique. S’en suit une épopée rocambolesque où les complots, les crocodiles, et les esclaves râleurs rivalisent pour voler la vedette.
Cléopâtre est la véritable star de cet album. Avec son caractère impétueux et ses accès de colère légendaires, elle apporte une énergie inégalée à chaque scène où elle apparaît. Ses interactions avec Jules César, entre piques cinglantes et faux-semblants diplomatiques, sont un régal pour les amateurs de dialogues savoureux.
Astérix, comme toujours, incarne l’intelligence et la ruse, trouvant des solutions aux problèmes les plus improbables, qu’il s’agisse de saboteurs ou de pénuries de pierre. Obélix, fidèle à lui-même, se distingue par sa maladresse attachante et son appétit insatiable, notamment lorsqu’il découvre les spécialités locales (même si les dattes et le lait de chamelle ne semblent pas vraiment l’emballer).
Les personnages secondaires, de Numérobis l’architecte dépassé mais plein de bonne volonté, à son rival sournois Amonbofis, enrichissent l’histoire avec des personnalités hautes en couleur. Même les esclaves, habituellement relégués à l’arrière-plan, se permettent quelques remarques hilarantes sur leurs conditions de travail (avec un humour à la fois léger et piquant).
Visuellement, Uderzo se surpasse. L’Égypte antique, avec ses pyramides en construction, ses temples majestueux, et ses marchés animés, est magnifiquement représentée. Chaque case regorge de détails, et les expressions des personnages, qu’il s’agisse des regards furibonds de Cléopâtre ou des grimaces d’Obélix face à un crocodile, renforcent l’impact comique.
Narrativement, Goscinny livre une intrigue rythmée, pleine de rebondissements et de gags intemporels. Les dialogues sont un modèle d’esprit et d’humour, oscillant entre les jeux de mots subtils et les références historiques détournées avec brio. Les échanges entre les personnages, notamment les disputes entre Numérobis et Amonbofis, sont particulièrement savoureux.
Mais ce qui distingue vraiment Astérix et Cléopâtre, c’est son mélange parfait d’action, d’humour, et de critique légère. Goscinny et Uderzo se moquent gentiment des clichés sur l’Égypte antique, tout en célébrant sa grandeur et sa richesse culturelle. L’album réussit à être à la fois spectaculaire et drôle, sans jamais perdre de vue son ton léger et accessible.
En résumé, Astérix et Cléopâtre est un classique absolu, où l’humour, l’action, et les décors somptueux se mêlent pour offrir une aventure inoubliable. Entre les baffes d’Obélix, les ruses d’Astérix, et les caprices mémorables de Cléopâtre, cet album est une véritable pierre précieuse de la bande dessinée. Un voyage en Égypte où même les crocodiles finissent par rire.