En 2001, Astérix et Latraviata débarque comme un opéra un peu bancal : des costumes clinquants, des airs familiers, mais une mélodie qui ne prend pas. Albert Uderzo, seul à la barre, semble vouloir explorer de nouvelles notes tout en restant fidèle à la partition gauloise. Le résultat ? Une cacophonie où les fans ne savent plus trop s’ils doivent applaudir ou hausser les épaules.
L’intrigue s’ouvre sur une tentative de comédie sentimentale et d’espionnage autour de Latraviata, une actrice romaine déguisée en Falbala. L’idée de jouer sur l’ambiguïté et les quiproquos aurait pu fonctionner… si les blagues ne tombaient pas souvent à plat. L’humour, autrefois si percutant sous la plume de Goscinny, ressemble ici à un glaive émoussé : les jeux de mots peinent à trancher, et les situations loufoques manquent de souffle.
Visuellement, Uderzo reste fidèle à lui-même, mais c’est précisément là que le bât blesse : le dessin est impeccable mais figé, comme un décor trop parfait dans une pièce de théâtre ennuyeuse. Le charme de l’improvisation et de la spontanéité, si présent dans les premiers tomes, semble avoir disparu. Chaque case est jolie, mais manque de vie.
Les personnages, eux, font leur retour habituel, mais on les sent fatigués. Astérix et Obélix ne brillent pas vraiment, tandis que Latraviata, censée être le cœur de l’histoire, n’a pas l’éclat nécessaire pour captiver. Même Jules César, pourtant une figure incontournable, semble plus spectateur qu’acteur.
Au final, Astérix et Latraviata est comme une potion magique qui aurait tourné. Les ingrédients sont là, mais le mélange n’a pas pris. Si on peut saluer l’effort d’Uderzo de continuer à faire vivre ses personnages, cet album laisse un goût amer. Un opéra gaulois qui aurait mérité une meilleure orchestration. À lire pour les inconditionnels… et à oublier pour les autres.