Le début de la fin - acte 2
C'est avec Astérix et Latraviata que les médias ont commencé à souligner la perte de qualité de la série Astérix, laissée aux seules commandes d'Uderzo. Pourtant, quand on regarde La Galère d'Obélix, je ne crois pas qu'on soit si à plaindre que ça...
Le gros reproche que l'on pouvait faire à la Galère d'Obélix était d'être totalement à côté de la plaque et de donner l'impression d'être un message pour la légalisation du LSD. Latraviata remonte un peu le niveau avec une histoire beaucoup plus cohérente bien que parfois limite : pour leurs anniversaires, Astérix et Obélix reçoivent de la part de leurs parents un casque et un glaive romains richement ornés. De plus, leurs mères viennent passer quelques jours chez eux tandis que leurs pères sont restés à Rennes avant de venir les voir.
Cependant, les jours passent et les parents ne reviennent pas, en effet, les cadeaux envoyés sont en réalités des possessions de Pompée, le grand rival de César. Et celui-ci a fait emprisonner les pères de nos héros. Pour récupérer ces bijoux, une comédienne, Latraviata, est envoyée dans le village gaulois afin de se faire passer pour Falbala et subtiliser les armes.
Globalement, le scénario en lui-même n'est pas mauvais et quelques idées sont mêmes plutôt bonnes. Le désir des deux mères de voir leurs fils se marier est pas mal du tout, il faut le dire. Et l'exploitation est bonne en prime.
Je le dis, car à côté de ça, on est quand même très moyens dans la mise en place des idées.
Par exemple, ramener des personnages connus est bien en soi (Pompée, Falbala, Tragicomic, Roméomontaigus) mais souvent le traitement est gratuit, superficiel et ne sert qu'à dire "hé ho, vous les connaissez". Finalement l'histoire aurait surement gagner à faire passer Latraviata pour une simple gauloise et non une copie de Falbala. Ca aurait même permis de développer le personnage qui passe de la garce manipulatrice et méprisante à une jeune femme gentille sans qu'aucune raison ne soit donnée à se revirement.
Rajoutons également que ce tome amène une belle incohérence : Astérix et Obélix seraient né le même jour, ce qui est totalement contredit dans Obélix et Compagnie (un très bon album, au demeurant).
Si le scénario est donc plutôt bon et que l'exploitation des idées n'est pas toujours désastreuse (mais parfois si), si la mise en page est également pas mal du tout et le rythme narratif est cohérent, on peut cependant regretter l'absence presque total d'humour. Les calembours se font plus que rare malheureusement et les gags sont moins présents et souvent moins marrants. Certes, ils sont là, mais on se marre moins.
On a plus l'impression de lire une aventure pure (et médiocre) qu'une aventure d'Astérix le gaulois.
Goscinny doit se retourner dans sa tombe de voir son œuvre aussi mis à mal sur le plan humoristique (La Galère d'Obélix, au moins, était plus amusant).
Je rajouterais, enfin, que le fait de mettre Pompée en Gaule est franchement vicieux.
En effet, Astérix explique à Obélix la situation géopolitique romaine, ce qui donne un ton sérieux à ce passage et semble être une belle explication historique. Et si, ce que dit Astérix est juste, on aurait tendance à penser que Pompée a bien fait une armée en Gaule pour lutter contre César. Ce qui est évidemment totalement faux. En donnant donc un peu de véracité au récit, on a l'impression qu'Uderzo annonce que le reste est vrai aussi.
Certes, l'idée de départ était bonne, mais le résultat, lui, ne l'est pas.
Ajoutons également que Pompée arrêté par Tragicomix comme par hasard, ça fait franchement rire ... Mais pas dans le bon sens.
Pour terminer, nous pouvons dire que ce tome possède ce qui manquait à la Galère d'Obélix : un scénario. Mais la mise en scène de l'histoire, le traitement, l'absence d'humour sur de nombreuses pages et finalement, l'histoire pas si bonne que ça font bien mal à la tête.
Et le pire ... C'est que la déchéance d'Astérix n'est pas finie.