Vous vous rappelez de la célèbre pub du Canada Dry ? Ça a la couleur, l'odeur et le goût de l'alcool, mais ce n'est PAS de l'alcool. Astérix et le Griffon provoque un manque à la fin de sa lecture. Comme lorsqu'on essaie de tromper le corps et le cerveau avec un succédané.
Cinquième exercice de style pour Ferri et Conrad. Deux auteurs talentueux qui n'ont rien à prouver. Ferri a fait ses armes chez Fluide Glacial et réjouissait l'âme par ses œuvres d'un vrai auteur qui faisait rire. Il faut relire tout Aimé Lacapelle et ne pas rater De Gaulle à la plage. Entre autres.
Et nos deux artistes ne sont pas des manches en reprenant Astérix. Ils doivent remplir un cahier des charges compliqué et leur marge de manœuvre est étroite.
Ici tous les ingrédients goscinnyens y sont : anachronismes, comique de répétition, exotisme, romains déboussolés, peuple sympathique, aventure, jeux de mots innombrables. Revoilà nos deux compères avec Panoramix voyageant vers de nouvelles contrées. Même Idéfix se distingue.
Les idées sont présentes, le dessin est réussi, la mécanique carbure, le rythme est trépidant et pourtant quelque chose ne fonctionne pas :
- à l'instar des 4 autres albums des mêmes auteurs, on surcharge de gags, de clins d'oeil au dépend d'une certaine profondeur psychologique des personnages.
- beaucoup de situations, si elles paraissent nouvelles, ne sont que des déclinaisons des anciens albums. Et la comparaison n'est pas en faveur de la nouveauté. L'ennui durant la lecture, pointe son nez régulièrement.
- je me demande si l'univers d'Astérix (son dessin et son esprit) n'est pas dépassé aujourd'hui ? Ce qui était nouveau dans les années 60 ne fonctionne peut-être tout simplement plus en 2021. Parce que l'état de conscience contemporain est très différent.
Mais surtout et avant tout, comme on l'a écrit souvent, rien ne remplacera son créateur.