Parlons sans couper les cheveux en quatre...
Je me suis lancé ce défi : faire la critique de tous les albums d'Asterix. Il s'agit de ma BD préférée avec Tintin et Gaston Lagaffe et j'ai donc une très bonne connaissance de la série. Je les possède tous (du moins mon père les possède) et je les relis presque tous avec plaisir. Y compris celui-ci
Certes il a les défauts d'un premier album : le dessin est grossier et manque d'ailleurs de cohérence puisque César n'apparait pas sous les mêmes traits au début et à la fin de l'aventure. De même l'histoire est décousue. Ce n'est pas tant le fait qu'il s'agisse principalement d'une succession de péripéties (Goscinny va exceller dans ce domaine et pas que sur papier, voyez les 12 Travaux d'Asterix au cinéma) mais l'ensemble se colle plus artificiellement, comme si on se forçait à chercher la prochaine histoire au lieu de laisser faire les choses.
Pourtant je note 7. Pourquoi ? Parce que cet album me fait marrer, tout simplement. Dès le début, les Gaulois sont les rois pour faire tourner en bourrique les romains. Je ne me lasse pas des pages où Asterix et Panoramix coopèrent pour de faux au grand dam du centurion qui n'en peut plus de maugréer dans sa barbe. A ce titre, en grand amateur de jeu de mots, Goscinny s'est fait plaisir, le titre de la critique en est une illustration parmi d'autres. On se prend aussi d'affection pour le légionnaire Caligaminus, envoyé en pâture aux Gaulois et qui aura droit à une récompense tout sauf appropriée.
Enfin les bases sont ici pour les personnages : Asterix est rusé, Panoramix est sage, les centurions romains sont généralement avides de pouvoir (se voyant "calife à la place du calife" pour paraphraser une autre série de Goscinny) et César reste digne et respectable. Obélix est certes mis de côté mais pour une bonne raison : Goscinny n'avait pas prévu ce personnage à la base puisqu'Uderzo l'a crée de toute pièce, insistant dans son idée du Gaulois fort là où le scénariste voulait à la base un anti-héros. Au final, les rôles ont été inversés avec Obélix en anti-héros prenant les défauts que ne pouvait pas avoir Asterix. D'où une complicité entre les deux qui fera le sel de beaucoup d'albums.
Pour un premier jet et pour une série crée dans l'urgence, les deux s'en sont bien sortis. La légende est en marche...